La coopérative d'éleveurs Cap 50, actionnaire et fournisseur principal des abattoirs normands en grande difficulté AIM dément avoir vidé les caisses de l'entreprise comme les en accusent les salariés d'AIM devant la justice, a indiqué mercredi à l'AFP l'avocat de Cap 50.
Les éleveurs de Cap 50 « ont passé leur temps à soutenir l'activité d'AIM. Imaginer qu'ils se sont fait des millions sur le dos d'AIM, c'est n'importe quoi », a indiqué Me Laurent Jourdan qui est aussi l'avocat de Gad, abattoir breton concurrent, qui a perdu plus d'un millier emploi depuis 2013.
AIM a été placé en redressement judiciaire le 6 janvier 2015. Deux offres seulement ont été déposées l'une pour 71 emplois, l'autre pour 107, sur un total d'environ 600. La justice doit les examiner le 6 mars.
Le parquet de Coutances a annoncé mardi qu'il allait ouvrir une enquête préliminaire après avoir reçu un courrier des salariés d'AIM faisant état, selon l'avocate des salariés, de faits pouvant être qualifiés d'abus de bien sociaux.
Cap 50 est notamment accusée d'avoir fait perdre 22 millions d'euros en quatre ans à AIM en obligeant l'entreprise à vendre sa viande moins chère qu'elle ne l'achetait à la coopérative.
« Je ne sais pas d'où ça sort. Il suffit de voir les comptes de Cap 50 et le niveau de vie des éleveurs pour comprendre que c'est pas comme ça que ça fonctionne. Le prix du porc est fixé par le marché », a argumenté Me Jourdan.
« Les salariés sont les premières victimes » des difficultés d'AIM mais « tout le monde connaît le niveau de vie des éleveurs. Ce sont des gens qui gagnent le Smic, qui ont une vie épouvantable », a renchéri l'avocat.
« Des accusations sans fondement »
Dans un communiqué du 24 février, Cap 50 a dénoncé des « accusations sans fondements ». « La coopérative d'éleveurs Cap 50 comprend le désarroi et la colère des salariés d'AIM. L'ensemble de la filière porcine française est sinistrée, que ce soit sur l'abattage ou chez les producteurs », écrit Cap 50 dans son communiqué.
« Depuis le début de la procédure de redressement judiciaire d'AIM, Cap 50 et ses éleveurs font face à des accusations sans aucun fondement. Cap 50 tiendra bien entendu à la disposition de la justice tous les éléments permettant de démontrer sa pleine bonne foi. »
« Depuis 2003, les éleveurs regroupés au sein de la coopérative Cap 50 se sont toujours employés à soutenir l'activité de l'abattoir, y compris pendant la procédure en continuant à l'approvisionner », poursuit le communiqué.
« Les investissements importants réalisés par les éleveurs ont permis de produire un porc de qualité permettant une différenciation des produits par rapport au porc basique européen. Il pouvait constituer l'argument commercial le plus efficace de l'abattoir. Les prix perçus par les éleveurs de Cap 50 correspondent à ce qui est proposé par les autres acteurs concurrents et ne sont pas en décalage. »
« Cap 50 a également participé activement à la recherche et à l'étude de solutions de reprise. Si elle a rencontré à cette fin plusieurs interlocuteurs, discuté avec plusieurs intervenants et cherché des solutions d'adossement, les offres ont été abandonnées avant même que Cap 50 ne participe à une négociation sur l'approvisionnement », explique la coopérative.
« Ces dernières années, le soutien par les éleveurs de Cap 50 a été encore important puisque ils ont financé une augmentation de leur capitalisation sur leurs deniers pour l'outil d'abattage dans un contexte conjoncturel également difficile pour les éleveurs », conclut le communiqué.
Une table ronde jeudi au ministère
Selon la préfecture de la Manche, une table-ronde doit avoir lieu jeudi au ministère de l'Agriculture. « Si nous sommes invités, nous y serons », a indiqué l'avocat de Cap 50 aussi accusé de faire fuir les repreneurs par des prix trop élevés.
Mardi de 150 à 200 salariés d'AIM ont manifesté leur colère devant le siège de Cap 50, y accrochant des banderoles comme « Cap 50 nous a saignés ».
Coopérative de 120 éleveurs normands, Cap 50 a racheté AIM en 2003 à ses fondateurs partis en retraite.