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La révolution agricole reste à faire

Publié le mercredi 25 juin 2014 - 15h14

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Agriculture trop souvent archaïque, quasi-absence d'industrie agroalimentaire : les progrès du continent africain dans le secteur agricole sont décevants, estiment les experts, alors qu'il joue un rôle capital pour éradiquer la pauvreté et garantir l'autosuffisance alimentaire, indispensables à un développement durable, montre une enquête de l'AFP.

 

« En Chine, la productivité (dans l'agriculture) a progressé de 133 % depuis 1990 contre seulement 38 % chez nous, ce qui n'est même pas suffisant pour la croissance démographique qu'on a eu entre-temps », explique à l'AFP le patron de la commission économique de l'ONU pour l'Afrique (CEA), Carlos Lopez, en marge des travaux préparatoires du 23e sommet de l'Union africaine (UA), jeudi et vendredi à Malabo, avec pour thème officiel, « Agriculture et autosuffisance alimentaire ».

 

Pour le continent, l'enjeu agricole est crucial : deux tiers des Africains vivent aujourd'hui de l'agriculture, qui, malgré son potentiel, ne parvient toujours pas à parvenir à l'autosuffisance. Alors qu'elle pourrait constituer une source majeure d'exportations. En dépit de la grande variété de pratiques agricoles et des surfaces immenses qu'elle possède, l'Afrique a toujours les rendements les plus faibles du monde. Ces retards s'expliquent notamment par le faible accès aux technologies, mais aussi le grand nombre de terres et de ressources en eau non exploitées.

 

« Nous venons de loin, l'agriculture a longtemps été négligée. [...] Les agriculteurs se sont organisés et les circuits de commercialisation s'améliorent », souligne la commissaire de l'Union africaine, Rhoda Peace Tumusiime.

 

 

« Les mentalités doivent changer »

 

Malgré les déclarations d'intention, beaucoup de pays refusent de mettre la main au porte-monnaie et sont encore loin de consacrer 10 % de leur budget au secteur agricole, comme l'UA le préconise depuis maintenant dix ans. De fait, ce sont les pays les plus démunis en ressources minières qui jouent la carte agricole, sans nécessairement posséder les terres les plus fertiles. « Ce sont les pays qui ne possèdent pas d'industries extractives lucratives et qui ont dû investir dans l'agriculture » pour développer leurs économies, relève le président du Fonds international de développement agricole (Fida), Kanayo F. Nwanze, dans une lettre ouverte aux chefs d'Etats africains.

 

Ainsi le Burkina Faso et l'Ethiopie, qui n'ont ni rente minière ou pétrolière, ni les terres les plus fertiles, se placent parmi les meilleurs élèves. « Beaucoup de pays ont des terres propices, mais ils ne voient pas l'agriculture comme un business, sauf en dernier ressort. Les mentalités doivent changer », explique Ayalneh Bogale, consultant de l'UA sur les questions agricoles et climatiques.

 

 

Yaourts importés

 

Par exemple, la Guinée équatoriale, hôte du sommet, peine à diversifier son économie et, forte de sa rente pétrolière, continue d'importer la majorité de ses produits alimentaires du Cameroun voisin. « C'est pareil avec la pêche : Malabo – la capitale – est située sur une île, mais tout le poisson est importé de l'étranger », soupire M. Bogale.

 

Les conflits déchirant depuis des années certains pays ont aussi largement affaibli, voire détruit, le secteur agricole et les bases productives. Au Soudan du Sud, six mois de guerre civile ont ravagé les récoltes et 50.000 enfants sont menacés de mort à court terme, par faim ou par maladie, selon l'ONG Oxfam.

 

« La stabilité politique est essentielle pour développer l'agriculture », insiste M. Bogale. Selon les experts, la solution pour faire véritablement décoller le secteur et créer des emplois passe également par le développement d'une véritable industrie de transformation des produits agricoles à l'échelle du continent. « Ce n'est pas en opposition avec l'agriculture, et ce n'est pas forcément une affaire de grandes entreprises », affirme Carlos Lopez. « Par exemple, on peut produire du yaourt avec une technologie qui n'est pas très compliquée, relève-t-il. C'est tout à fait possible pour une entreprise familiale, et pourtant un pays comme la Côte-d'Ivoire importe 70 % de ses yaourts ». Et la Côte-d'Ivoire est loin d'être un cas isolé.

 


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