Une étude diffusée le 10 décembre 2013, pilotée par le commissariat général au développement durable (CGDD) du ministère de l'Ecologie et réalisée par Solagro et l'Acta, vise à construire et calculer un indicateur pour la biodiversité à apposer sur les produits agroalimentaires, dans le cadre de l'expérimentation sur l'affichage environnemental.
Aucune méthodologie reconnue n'existe à ce jour pour déterminer l'impact sur la biodiversité des produits agroalimentaires, souligne le CGDD. Mais « la plus grande partie de l'impact sur la biodiversité imputable aux produits alimentaires étant induite durant la phase amont de la production agricole, le choix a été fait de fonder l'indicateur biodiversité sur les Infrastructures Agro-Ecologiques (IAE), présentes dans les exploitations et territoires agricoles » ainsi que sur les rendements, indique le rapport.
L'indicateur a été construit et calculé pour un grand nombre de productions agricoles françaises, végétales et animales. Un tel indicateur présente le grand avantage d'offrir une mesure synthétique de la biodiversité « associable » à des unités de produits agricoles issus de ces différentes unités spatiales, estime le CGDD.
Un autre avantage de cette méthode est que les IAE sont déjà employées dans les politiques agricoles, relève le rapport.
L'indicateur est construit comme un ratio entre une quantité de « biodiversité équivalente », fonction des IAE, et une quantité de produit. Des règles ont été définies pour allouer les IAE d'une exploitation aux différents produits qui en sortent.
Différents jeux de coefficients de pondération des IAE ont été testés. L'indicateur a été calculé, pour des productions agricoles françaises, végétales et animales, à deux échelles (territoires et exploitation) et via trois approches : « statistique » sur de « Petites Régions Agricoles », « fermes de références de l'Acta » et « base de données Dialecte ».
Des valeurs d'indicateurs pour « une large gamme de produits »
L'étude a permis d'établir des ordres de grandeur de valeurs pour une large gamme de produits. « L'indicateur pourrait permettre de rendre compte des services environnementaux rendus en matière de biodiversité par différents modes ou régions de production, à la condition d'être calculé sur un échantillon suffisamment grand et raisonné », estime le rapport.
Les auteurs relèvent deux principales limites de la méthodologie : « la question non encore arbitrée de la nécessaire inclusion ou non des IAE associées aux aliments achetés dans le calcul de l'indicateur des produits animaux », et « “l'effet rendement” qui influe indûment sur les valeurs que prend l'indicateur ».
Le CGDD remarque qu'avec la réforme de la Pac 2014-2020, « les IAE devraient être de plus en plus utilisées dans les autres Etats membres de l'Union européenne, pour la conditionnalité d'aides directes notamment ». Selon le Commissariat au développement durable, « cela ne peut que contribuer à accroître l'acceptabilité et la reconnaissance d'un indicateur biodiversité à l'échelle des produits agricoles, fondé sur les IAE ».
« L'étude menée pendant un an, constitue un pas important mais ne prétend pas clore les travaux sur la définition d'un indicateur de biodiversité pour les produits alimentaires », tempère le CGDD.
Par ailleurs, l'affichage environnemental des produits agroalimentaires, pour prétendre « être sincère, objectif et complet », devra intégrer outre l'érosion de la biodiversité, au moins deux autres enjeux environnementaux identifiés comme principaux par la plate-forme ADEME-AFNOR (http://affichage-environnemental.afnor.org) , précise le CGDD. Il s'agit du changement climatique, de la pollution et de la consommation de l'eau.