Sur les 255 abattoirs français, seulement 14 % du tonnage provient d'animaux abattus selon les rites halal ou casher, selon le ministère de l'Agriculture
Face à la polémique qui se poursuit sur l'abattage rituel, le ministre de l'Agriculture a tenu une conférence de presse, le 8 mars, afin de « rappeler la vérité des chiffres et des faits » et de « remettre de la sérénité dans un débat difficile et éviter de stigmatiser les uns et les autres ».
Le rapport « confidentiel » de novembre 2011 cité par Marine Le Pen concerne « une quinzaine d'abattoirs » seulement. Sur ces établissements, les abattages rituels (sans étourdissement avant la saignée) concernaient 51 % des ruminants en 2009. Mais ces chiffres ne sont pas extrapolables au niveau national.
Sur les 255 abattoirs français de ruminants, seulement 14 % du tonnage total (soit 12 % des veaux et des gros bovins et 49 % des ovins) provenaient d'animaux abattus selon les rites halal ou casher, selon une enquête du ministère de l'Agriculture de 2010.
« L'étourdissement est la règle, atteste Bruno Le Maire. L'abattage rituel est une dérogation et doit le rester. Mais il est légal au niveau national et au regard du droit européen. Le gouvernement ne compte donc pas revenir dessus. »
Le rapport en cause faisait partie de différents éléments pris en compte pour la rédaction du décret du 28 décembre 2011 et publié ce 8 mars 2012 (alors que la publication initiale du décret et de sa circulaire d'application n'était prévue qu'en juillet prochain).
Avec ce décret, « le gouvernement a mis fin aux dérives constatées » sur le terrain, estime le ministre : absence d'autorisations administratives pour certains abattoirs, abattages rituels « de commodité » ou encore défauts d'hygiène, de matériels ou d'équipements dans certains cas.
Par ailleurs, Bruno Le Maire est revenu sur sa position concernant l'étiquetage des viandes selon leur mode d'abattage (avec ou sans étourdissement). Il estime désormais que cet étiquetage doit se faire pour répondre aux demandes des consommateurs.
Il a reçu des représentants musulmans et juifs sur ce sujet, et rencontrera des représentants des abattoirs. « Mais il faudra plusieurs mois pour mettre en place cette deuxième étape ». Elle nécessite une autorisation de l'UE. De plus, quid des viandes importées ? Enfin, cette mesure a un coût économique, « alors que ces milliers d'emplois sont en jeu dans cette filière ».