Vichy fête Napoléon III

Palais des congrès de Vichy. Des dames d'un autre siècle valsent, irréelles, aux bras de leurs cavaliers. Les couleurs or et ivoire du bâtiment font ressortir les bijoux des femmes. Ici, tout célèbre la beauté des danseuses, au son d'un quadrille des lanciers et autres galops…

Les robes de bal à crinoline, volumineuses grâce à une cage formée de cercles métalliques et à plusieurs couches de jupons superposées, mettent en valeur la finesse de la taille, la rondeur des bustes et des épaules.

Cette mode fleurit sous le second Empire, quand Napoléon III lance une brillante vie de cour après son mariage en 1853. La toilette des dames, désormais érigée en art, devient le vivant miroir du statut social d'un mari, d'un père ou bien encore d'un amant…

Chaque année, l'Office de tourisme replonge Vichy dans cette période historique lors de trois jours d'animations. L'un des maîtres à danser participant, Denis Avrain, explique : « Pour recréer l'ambiance musicale des bals, des historiens nous ont aidés à retrouver des partitions.

Quant aux postures, elles s'inspirent de tableaux et de quelques écrits. Comme nous aujourd'hui, les danseurs d'alors connaissaient par cœur les chorégraphies. Cela permet de se laisser entièrement porter par la musique, par le plaisir… »

« Napoléon III adorait les bals, confirme Alla Pikozh, guide conférencière à l'Office de tourisme. Il a fait construire un élégant casino-théâtre de style éclectique à Vichy, où il séjourne en cure durant plusieurs années dès 1866.

Les Vichyssois lui doivent nombre de bâtiments prestigieux, comme la gare ou des chalets de style alpestre, où il logeait, lui et sa suite. L'église Saint-Louis a même été construite sur ses fonds propres. »

Napoléon III a également laissé nombre de croustillants souvenirs. « C'était un homme à femmes, confirme Alla Pikozh. On lui compte quelque deux cents maîtresses connues ! Il fascinait : malgré les ordres donnés de ne pas le déranger, des Vichyssois le suivaient constamment. »

« Ces reconstitutions ont trouvé le bon ton, estime Georges, un habitant. Ni réactionnaires, ni militaristes, elles font revivre un Napoléon III haut en couleurs, autoritaire et romantique, qui a su transformer Vichy en une espèce de seconde capitale, bien avant le maréchal Pétain !

Le passé doit être assumé dans sa totalité : les Vichyssois sont donc heureux que l'on puisse également valoriser la flamboyante épopée thermale de leur ville. Toutes ces petites histoires finissent par nous mener vers la grande. »

Chantal Béraud

(publié le vendredi 29 juin 2012)