vendredi 08 octobre 2010 - 12h23
Depuis treize ans, des artistes enrichissent une forêt domaniale de la Meuse de leurs œuvres, avec l'aide des agriculteurs et artisans locaux.
Faire venir des artistes sur leur territoire et l'animer avec des œuvres, tel est le défi que se sont lancé, en 1997, six villages de la Meuse, en bordure d'un massif forestier de 5.000 hectares.
L'idée, émanant d'un artiste local, a séduit cinq villages de la communauté de communes Entre-Aire-et-Meuse (Lahaymeix, Fresnes-au-Mont, Pierrefitte-sur-Aire, Nicey-sur-Aire, Ville-devant-Belrain) et Dompcevrin.
Ces six villages, qui totalisent près de mille habitants, ont créé l'association Vent des forêts pour mettre en œuvre ce projet.
« Notre objectif est de valoriser notre territoire pour avoir des retombées touristiques et économiques. Nous voulons aussi créer une relation entre le milieu rural et le milieu artistique. Cette rencontre, a priori improbable, fonctionne, explique Laurent Paulin, président de l'association et de la communauté de communes, agriculteur à Nicey-sur-Aire. Les habitants ont très vite été partants. »
Directeur de l'association, Pascal Yonnet fait venir chaque année une dizaine d'artistes. Chacun réalise une œuvre qui est installée dans la forêt et présentée au public en juillet.
« Celles de 2010 étaient en chantier dès septembre 2009. Les artistes viennent d'abord sur le terrain. Selon leur sensibilité, je les oriente vers tel aspect de la ruralité, tel professionnel du monde rural (exploitants, chambre d'agriculture, chambres d'hôtes…) ou vers des artisans locaux (chaudronnier, tailleur de pierre, menuisier…). J'essaye de privilégier les duos artiste-artisan local, car ce sont ces rencontres qui révèlent le territoire. »
Cet été, des agriculteurs ont aidé un artiste à créer un mélange d'eau, de farine de seigle et de sucre pour fixer son œuvre dans les arbres. Une artiste a réalisé sa sculpture chez un carrossier.
« Venir en milieu rural ne pose pas de problème aux artistes. Mais il faut les accompagner pour que leurs créations soient bien adaptées. »
En juillet, tous les artistes viennent quinze jours en résidence. Ils sont hébergés par les habitants et finalisent leurs œuvres avant de les installer en forêt. Certains les créent de toute pièce sur place.
Des événements ont lieu tout au long de ces deux semaines. Les trois derniers jours sont plus festifs, avec des concerts, films, repas champêtres…
Les 200.000 euros de budget nécessaires sont financés par le conseil général, la Région, la Drac, la communauté de communes Entre-Aire-et-Meuse (de 10.000 à 15.000 euros) et les six villages.
« Nous recevons entre 20.000 et 25.000 visiteurs par an », se félicite Laurent Paulin. En treize ans, près de 160 créations ont été intégrées dans les bois. Elles restent en place trois ou quatre ans, voire plus selon les matériaux utilisés.
Elles sont visibles tout au long de six circuits de randonnée balisés (45 km au total) de mars à septembre, en dehors des périodes de chasse.
Après ces années ponctuées de hauts et de bas, les six villages sont toujours soudés. L'aventure continue avec un projet supplémentaire cette année : une commande publique.
« Nous avons opté pour la réalisation de quatre maisons sylvestres », raconte Laurent Paulin. Elles ont été commandées à la designer de renom Matali Crasset, fille d'agriculteurs.
« Installées au milieu de la forêt, elles permettront de loger pour une nuit une famille de quatre personnes. C'est une façon de montrer que notre territoire manque de capacité d'accueil touristique. »
par Chantal Urvoy
(publié le 8 octobre 2010)
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