vendredi 02 juillet 2010 - 12h32
Productrice de mirabelles, Anne-Marie Grallet a réussi à mettre en flacon les effluves de la fleur de mirabellier.
Anne-Marie Grallet est tenace. Et de la ténacité, il en fallait pour obtenir ce qu'elle souhaitait : capter et fixer la note olfactive de la fleur de mirabellier dans un parfum. Un pari original qu'elle s'est lancé il y a une dizaine d'années.
La patience, elle connaît aussi. « Il faut six-sept ans pour qu'un mirabellier donne ses premiers fruits », souligne cette agricultrice, en Gaec avec son mari Hubert Grallet, bien connu des agriculteurs lorrains pour ses engagements, sa fille Sabine, son gendre Christophe, à Rozelieures, au sud-est de Nancy.
L'aventure de son parfum « L'Or du Verger » (ci-contre) commence il y a huit ans avec la cueillette de plusieurs dizaines de kilogrammes de fleurs de mirabelliers. La famille est convoquée pour cette opération délicate.
Profitant de l'atelier de distillation familial, Anne-Marie se lance d'abord elle-même dans les essais, fait macérer, distille, tente des combinaisons avec d'autres matières premières, bois, fruits... Mais, elle juge la senteur trop marquée par celle de la chlorophylle.
L'Or comme Lorraine
L'agricultrice fait alors appel à des enseignants de la chaire de biochimie de l'Ensaia (1) de Nancy. Avec eux, elle met au point une formulation qui lui convient mieux et qu'elle envoie à un parfumeur à Grasse.
Là, un « nez », enchanté de pouvoir travailler sur une nouvelle matière, lui fait parvenir huit compositions possibles. Anne-Marie met alors en place des commissions de « respiration » avec des amies qui élisent une senteur.
L'eau de parfum « L'Or du Verger » est née, un nom en hommage à la Lorraine. « Elle marie bergamote et mandarine, comme notes de tête, fleur de mirabellier, cassis, jasmin, rose, comme notes de cœur, puis ambre et musc comme notes de fond. C'est ce qu'on appelle sa pyramide olfactive », explique Anne-Marie.
Elle prend ensuite son bâton de pèlerin pour promouvoir son produit et trouver des boutiques pour le commercialiser dans la région.
Cette étape s'avère la plus difficile de ce long parcours : « Le milieu du parfum et des cosmétiques est un monde bien particulier, précise cette femme élégante, indéniablement bonne ambassadrice de son produit. Dans les grandes chaînes de parfumerie, on m'a tout de suite collé une étiquette produit du terroir, on m'a dit que le flacon était banal... Dans ce secteur-là, il faut vendre du rêve ! »
Des portes s'ouvrent néanmoins, celles du magasin Le Printemps à Nancy, de parfumeries privées, d'instituts de beauté et de boutiques de produits du terroir.
« Je travaille aussi avec des agriculteurs du coin qui ont un espace de vente de produits locaux », souligne Anne-Marie.
En 2009, elle a diffusé plusieurs milliers de flacons de son eau de parfum pour les femmes et de son eau de toilette version homme, ce qui constitue une belle réussite.
Quant aux fleurs de ce printemps, elles sont parties macérer pour donner la base odorante qui sortira d'ici à quelques mois dans les flacons du cru 2010.
Ecole nationale supérieure d'agronomie et des industries agroalimentaires.
Maison de la Mirabelle En 2002, Hubert et Anne-Marie Grallet, rejoints par leur fille Sabine, ont créé à Rozelieures une « Maison de la mirabelle » afin de promouvoir la petite prune jaune. La visite comporte un parcours de découverte, un documentaire et un passage par l'atelier de distillation. Elle se termine par une dégustation et la boutique où sont vendus les produits-maison : eaux-de-vie, liqueurs, sirops, thés, confitures, caramels et autres grignotines, sans oublier le parfum. _____ Pour plus d'informations : • Visitez le site de la Maison de la mirabelle • Tél. : 03.83.72.32.26. |
Parfums en ligne L'eau de parfum pour femme ou l'eau de toilette pour homme sont disponibles sur le site internet www.maisondelamirabelle.com (54 euros chacune, en conteneur de 50 ml pour les femmes et de 100 ml pour les hommes). Comme il n'en va pas d'un parfum comme d'un pot de confiture, il est possible de demander des échantillons pour découvrir ces senteurs. |
par Dominique Hallé
(publié le 2 juillet 2010)
Le commentaire d'article est réservé aux abonnés de La France Agricole.
Si vous êtes abonné, identifiez-vous dans le bloc "services experts"
situé en haut à droite de la page.
Si vous voulez vous abonner et profiter de tous les contenus du site ainsi que de l’édition papier de La France Agricole, cliquez sur le lien ci-dessous :
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres