vendredi 20 juillet 2012 - 20h33
Sur son élevage finistérien, David Riou a construit un phare, par défi personnel et amour des vieilles pierres.
Le phare de Kerdrein n'éclaire pas les bateaux. Posté à l'entrée de l'élevage de porcs de David Riou à Plouvorn, dans le Finistère, il veille sur les porcs. Du haut de ses 17,6 mètres, tout en granit, il impressionne. Mais pourquoi un tel ouvrage en pleine campagne, perdu à 6 km du littoral ?
« Je suis fasciné depuis toujours par des monuments en pierre tels que les cathédrales, les églises, les ponts, raconte le trentenaire. Déjà plus jeune, en ramassant des cailloux dans les champs, je gardais les plus beaux en me disant que j'en ferais quelque chose un jour. »
A seize-dix-sept ans, David a commencé par construire des murets sur l'exploitation familiale en apprenant auprès d'un voisin, ancien maçon.
Trois ans et demi de travaux
Après avoir repris l'élevage de son oncle en 2004, il s'est mis à retaper la façade d'une vieille grange, puis un ancien puits.
« J'avais besoin d'un projet plus important », poursuit le jeune homme. Il se lance alors un défi : réaliser un phare, emblème de la Bretagne, pour concilier sa passion et son attachement à sa région.
Le chantier a démarré en octobre 2007. L'éleveur a construit son phare mètre après mètre, y consacrant tous ses samedis après-midi pendant trois ans et demi.
Sa femme, sa famille, ses amis… ont tous ont été surpris au départ, mais ils connaissent David et sa force de caractère.
Les gens des alentours, plus dubitatifs, pensaient qu'il allait abandonner en cours.
Et pourtant, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige… par tous les temps, il s'est tenu à l'ouvrage. « J'en avais besoin pour me vider la tête, car notre métier est exigeant. Se fixer des challenges permet d'avancer », affirme ce jeune producteur, à la tête d'un atelier de 450 truies naisseur-engraisseur.
David est fier d'avoir construit son phare : « Les anciens sont admiratifs. Ils me disent que c'est une belle réalisation. »
Par jour de beau temps, du haut de la terrasse aménagée, il peut apercevoir les ferries dans le port de Roscoff. Le phare de Kerdrein est sans conteste l'un des seuls phares ancrés dans les terres qui offre une si belle vue sur la mer.
1.500 heures de travail
La construction de l'ouvrage a demandé plus de 1.500 heures de travail. Il a nécessité 2.500 briques, dix palettes de ciment, 30 tonnes de sable, 130 tonnes de granit pour l'habillage et 160 tonnes de cailloux pour le comblement.
La base comprend 45 tonnes de rochers de mer. En haut des 69 marches, une terrasse de 4,2 m de diamètre peut accueillir jusqu'à 25 personnes. Malgré
le classement du phare hors nomenclature, David a obtenu un permis de construire sans trop de difficulté grâce à l'avis favorable de ses voisins. Avec une seule obligation : ne pas dépasser 18 m de hauteur.
Isabelle Lejas
(publié le 20 juillet 2012)
Le commentaire d'article est réservé aux abonnés de La France Agricole.
Si vous êtes abonné, identifiez-vous dans le bloc "services experts"
situé en haut à droite de la page.
Si vous voulez vous abonner et profiter de tous les contenus du site ainsi que de l’édition papier de La France Agricole, cliquez sur le lien ci-dessous :
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres