jeudi 22 avril 2010 - 18h14
A partir de plantes sauvages cueillies sur sa ferme du Puy-de-Dôme, Brigitte Beernaert tire nourriture, boissons, pommades et remèdes.
C'est dans l'un des endroits les plus délicieusement sauvages du massif du Sancy, sur les hauteurs de Chambon-sur-Lac, au pied de la réserve naturelle de Chaudefour, que se niche l'antre de Brigitte Beernaert.
Un simple chemin de terre descend jusqu'à sa ferme de la Palfichade. « Lorsque je l'ai achetée en 1994, elle tombait en ruines, confie-t-elle. Personne du pays ne pensait qu'elle trouverait preneur ! » Mais ce royaume pentu de dix hectares, sis à 1 200 mètres d'altitude, traversé de sources, séduit d'emblée cette paysanne originaire de l'Oise. Brigitte s'y offre un jardin à sa démesure, semé de multiples plantes sauvages.
En ce début de printemps, la voici partie pour une généreuse collecte. « Après des hivers rigoureux, tout pousse sur un cycle de végétation court, constate-t-elle. Dans cette hêtraie, je cueille de l'aspérule odorante. Ici, c'est parfait, elle est en fleurs. Elle développera son parfum, sans noircir ni devenir toxique, à condition de la mettre à sécher dans un endroit chaud, aéré et à l'ombre. L'aspérule fait partie de la pharmacopée traditionnelle. Mes grands-parents connaissaient tout ça… »
« Céramiste, j'aime la terre sous toutes ses formes »
Passionnée de plantes, Brigitte a suivi une formation en herboristerie avec l'ARH, l'Association pour le renouveau de l'herboristerie. « Actuellement, précise-t-elle, quelque cent quarante plantes sont autorisées à l'utilisation. Personnellement, je transforme une quinzaine d'espèces locales. Il y a tout ce qu'il faut pour se soigner autour de soi, mais on l'oublie… ».
De ses mains, elle a transformé l'ancienne grange en un séchoir à plantes, véritable caverne d'Ali Baba où l'on trouve à la vente tisanes, macérations huileuses et diverses pommades (dont de l'arnica, du calendula, de la consoude…). « Je produis aussi le contenant (bols, théières…), car je suis céramiste, poursuit-elle. Ce sont des femmes du Burkina Faso qui m'ont montré comment monter ces grands pots d'argile à la main. » Nimbée d'un rayon de soleil, sa pièce irradie une chaleur quasi africaine…
Dès le printemps, Brigitte Beernaert aime faire partager son domaine aux visiteurs. Elle vient d'ailleurs de s'associer avec un menuisier, une animatrice nature, un ethnobotaniste naturopathe et un accompagnateur de montagne pour y proposer des journées d'initiation à l'éco-construction, à la vannerie, au jardinage bio, à la préparation de teintures… Brigitte anime aussi régulièrement des circuits de découverte des plantes comestibles. Elle les fait goûter, sentir aux enfants. Ses orties finissent en soupe ou en gratin.
Quant aux branches de genêt, elles lui servent à chauffer son four à bois, où sont cuits des légumes sauvages ainsi que de la pâte à pain (1). Et pourquoi ne pas tester son « thé des montagnes », concocté à base de framboisiers, de ronces et d'épilobes ? Décidément, au royaume des simples, les hommes se sentent rois…
_____
(1) Découverte des plantes, animation four à pain, atelier poterie sur réservation, du 1er mai au 15 octobre 2010.
Stages de formation professionnelle (connaissance des plantes sauvages et préparation de pommades) dans le cadre du réseau Savoir-faire et découverte.
Site internet : www.palfichade.com
par Chantal Béraud
Le commentaire d'article est réservé aux abonnés de La France Agricole.
Si vous êtes abonné, identifiez-vous dans le bloc "services experts"
situé en haut à droite de la page.
Si vous voulez vous abonner et profiter de tous les contenus du site ainsi que de l’édition papier de La France Agricole, cliquez sur le lien ci-dessous :
Nos offres d'abonnement
simples ou couplées,
à nos publications
hebdomadaires
et mensuelles
Découvrir nos Offres