vendredi 03 février 2012 - 18h56
Appelé « sagne », il pousse ici à profusion. Coupé et façonné par les « sagneurs », il protège les habitations et les cultures.
Vertes l'été, jaunes l'hiver, les roselières de Camargue sont les plus vastes de France. A perte de vue – 5.000 ha –, le roseau (ici appelé sagne) se dresse, enraciné dans l'eau saumâtre, le toupet dansant dans le vent.
L'homme l'utilise depuis l'Antiquité, comme fourrage et comme matériau de construction. Dans les années 1950, l'exploitation de ce matériau naturel s'est intensifiée.
Cet isolant thermique et phonique remarquable – les tiges sont creuses et cloisonnées par des nœuds – est utilisé pour les toitures des cottages anglais, normands, hollandais et de quelques mas traditionnels camarguais.
Avec 2.000 ha coupés par an (un million de bottes), la Camargue fournit les trois quarts de la production française.
Les marais de Gallician, à Vauvert (Gard), abritent l'or vert des « sagneurs ».
Jusqu'en 1997, ces coupeurs de roseaux travaillaient uniquement à l'aide d'une faucille appelée « sagnadou ». André Calba a appris son métier à 15 ans : « Je travaillais avec mon père et mes frères. Nous coupions l'hiver, entre la mi-décembre et la fin d'avril, quand le roseau a séché sur pied, avant que ne poussent les nouvelles tiges. Je passais mes journées dans le marais, à couper, nettoyer, lier, charger les paquets sur la barque, dans le vent et le froid. Un boulot de bagnard », se souvient-il.
Aujourd'hui, la coupe a toujours lieu l'hiver, mais les machines ont remplacé le sagnadou.
André Calba confie qu'il fait toujours un travail « d'un autre âge ». En pleine chaleur de juillet, sur un terrain où sont stockés 30.000 à 40.000 paquets, lui et son employé passent des heures à bien nettoyer les roseaux.
« On fait tomber le courtillon, ces petites feuilles qui se détachent, pour ne garder que le bon du roseau. »
Pas satisfait par le nettoyage mécanique, il travaille encore à la main, au peigne.
Il confectionne des paillassons dans son atelier d'Aimargues : d'épais tapis de roseau, de 75 cm à 2 m de largeur.
« Du temps de mon père, le paillasson protégeait du vent, du soleil et du gel les légumes du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône, ainsi que les fleurs de Grasse. Aujourd'hui, le plastique l'a remplacé. »
Ses clients le posent sur un abri de voiture ou une pergola. « La maison est “coupée” de la chaleur. Ils mangent l'été sur leur terrasse sans s'occuper du soleil. »
André Calba souhaite promouvoir la sagne dans les habitats bioclimatiques.
Y aller
• Tout savoir : www.camarguegardoise.com
• Visiter le Centre de découverte du Scamandre et parcourir la réserve naturelle à travers trois sentiers aménagés au milieu des marais de Gallician.
Tél.: 04.66.73.52.05.
Alexie Valois
(publié le 3 février 2012)
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