vendredi 22 juin 2012 - 12h05
En Anjou, Claire Guillermin est devenue conteuse professionnelle après avoir été conseillère agricole.
Maman de trois jeunes filles, Claire Guillermin vit en Anjou. Mais sa voix chante le Sud-Ouest. « Je suis née dans le Lot où mes parents étaient agriculteurs. » A Purpan, elle devient ingénieure agricole. « Et pourtant, j'aimais déjà la littérature. »
Les mots la rattrapent plus tard, alors qu'elle travaille comme conseillère à la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire. « A notre arrivée à Brion, il n'existait pas d'activités pour les enfants pendant les vacances scolaires. Avec quelques parents de l'association Familles rurales, nous nous sommes appuyés sur la bibliothèque pour les réunir et leur raconter des histoires. »
Par la suite, Claire croise la route de Patrick Hétier, conteur professionnel, installé près d'Angers. « Un jour, il m'a dit que j'étais une conteuse. C'était comme une évidence et ces mots m'ont donné l'impulsion décisive. »
La jeune femme complète ses stages par une formation longue à Vendôme, au Centre contemporain de littérature orale (Clio) et crée, en 2004, la compagnie RAConte.
Le conte dit l'humanité
« Dans mon métier de conseillère, j'étais souvent tiraillée, ballottée entre les exigences des uns et des autres. Celui de conteur m'apporte la sécurité intérieure. Moi qui ai toujours aimé les mots pour leur justesse et leur force, je m'y suis trouvée à ma place. »
Conte d'animaux, conte facétieux, conte réaliste… La discipline occupe un vaste champ. « J'ai une préférence pour le conte merveilleux de tradition orale parce qu'il dit l'expérience humaine : la vie, les souffrances, la mort. Son héros traverse des difficultés mais il grandit. Dans notre société pétrie d'injonctions, je trouve cette approche de la vie intéressante. Elle mérite d'être transmise. »
Claire Guillermin s'y emploie. RAConte forme des bibliothécaires professionnels et amateurs, intervient en milieu hospitalier ou scolaire et diffuse le conte en milieu rural. C'est la particularité de cette compagnie.
« Le conte est aujourd'hui plus visible en ville qu'à la campagne. Mais j'aime travailler localement et construire avec les gens qui habitent un territoire. Mon métier de conseillère m'a appris à le faire et ça donne du sens au travail. »
La démarche prend du temps. Elle exige énergie et persévérance. Mais Claire sait que l'heure du conte finit toujours par arriver.
Ses conseils de lecture
Depuis 2.800 ans, d'une génération à l'autre, les hommes se racontent et se transmettent l'Odyssée. Claire Guillermin place ce texte en tête de ses conseils de lecture.
« Il existe de nombreuses traductions mais je recommanderai celle de Victor Bérard (1) parce que c'est la plus proche de la langue parlée. »
Autre suggestion : 365 contes pour tous les âges de Muriel Bloch, également chez Gallimard, et les Contes de Grimm, aux éditions José Corti cette fois, « parce que c'est la traduction la plus récente », précise-t-elle.
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(1) Existe en version Folio Classique ou Pléiade, éditions Gallimard.
Anne Mabire
(publié le 22 juin 2012)
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