vendredi 15 juin 2012 - 14h33
Les amoureux du Pays basque connaissent cet étrange bâton traditionnel appelé makhila. Un symbole bien vivant.
Le makhila, bâton en basque, ne fait pas seulement partie du folklore régional, il continue à être fabriqué et utilisé. Elegant et redoutable, objet de décoration et de défense, ce bâton de marche et non bâton de berger, était à l'origine une arme de défense avec sa dague dissimulée dans le pommeau.
Au début du XIXe siècle, un préfet voulut en interdire l'usage dans les fêtes, les foires et les marchés, estimant qu'il était à l'origine de trop nombreuses blessures. Le makhila symbolise toute une façon de vivre, de penser, d'honorer. Aujourd'hui, il est aussi apprécié par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle qui passent par le Pays basque.
Au début de l'année, l'atelier Ainciart Bergara à Larressore, dans les Pyrénées-Atlantiques, qui fabrique les makhilas depuis huit générations, a été inscrit à l'Inventaire des métiers d'art rares au titre de la convention de l'Unesco.
Il a ensuite été labellisé Entreprise du patrimoine vivant (EPV) par le ministère de l'Economie, aux côtés d'autres entreprises telles que les Cristalleries de Saint-Louis. Cette distinction est accordée pour reconnaître les savoir-faire d'excellence des entreprises françaises.
Tenu par Charles Bergara, l'atelier est désormais sous la responsabilité de sa fille Nicole, qui opère ainsi un retour aux sources après avoir travaillé dans la banque. « Je suis née là-dedans, ça fait partie de moi et je ne pouvais pas laisser mon père seul », explique-t-elle.
La préparation du makhila est un travail de longue haleine. La pousse de la tige de néflier qui en constitue le fût est suivie pendant une dizaine d'années.
A la montée de la sève, au printemps, la dernière année avant la récolte, l'artisan vient scarifier les tiges sélectionnées. Ces scarifications formeront des motifs en forme de vaguelettes.
Le bois coupé en hiver est écorcé, gratté après un passage au four, redressé pour qu'il soit bien droit, sans écraser les motifs. Il sèche ensuite pendant une quinzaine d'années. « Cela rend modeste », commente Nicole Bergara.
Chaque makhila est fait sur mesure pour correspondre à la morphologie de son propriétaire et être parfaitement équilibré. Pommeau et virole en laiton, maillechort ou argent sont décorés et personnalisés avec des initiales ou des devises.
Le cuir qui habille une partie du makhila est tressé selon une technique gardée secrète par les Bergara. Un cadeau qui se mérite, car il faut un peu de patience pour que l'atelier livre ce bâton personnalisé et chaque fois unique.
En savoir plus
• Atelier Ainciart Bergara, 64480 Larressore.
Tél.: 05.59.93.03.05. E-mail : bergara@makhila.com. Site : www.makhila.com.
• Pour expliquer la fabrication du makhila, un film est proposé dans une salle de projection près de l'atelier.
Accueil des groupes sur rendez-vous. Ouvert toute l'année aux individuels.
Claude Mandraut
(publié le 15 juin 2012)
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