Publié le lundi 08 mars 2010 - 19h32
Plusieurs milliers d'agriculteurs exerçant dans la zone d'approvisionnement en eau Adour-Garonne ont manifesté lundi à Mont-de-Marsan (Landes) et Toulouse (Haute-Garonne) contre la loi sur l'eau dont les nouvelles restrictions menacent leur approvisionnement pour l'irrigation.
Quelque 3.000 agriculteurs selon les organisateurs, 1.500 selon la police, ont manifesté lundi dans le centre de Toulouse, versant du fumier devant le conseil général et jetant des kiwis devant la préfecture, pour défendre la fourniture d'eau pour l'irrigation.
Portant des arrosoirs ou traînant des bidons de lait, les manifestants, venus de toute la partie « Garonne » du bassin Adour-Garonne (Dordogne, Haute-Garonne, Gers, Charente...) ont défilé dans les rues du centre à bord de près de 50 tracteurs et camions, et une délégation a été reçue par le préfet Dominique Bur.
« Les nouvelles directives (du gouvernement) ne prennent pas en compte les besoins des agriculteurs », a déclaré le président de la FRSEA du Midi-Pyrénées, Jean-Luc Poli, en réclamant « la création de nouvelles réserves d'eau pour produire mieux, et à terme, plus ». « Les cultures et l'élevage ont besoin d'irrigation », a-t-il souligné.
La loi sur l'eau et sa réforme des prélèvements pour l'irrigation, désormais fondés sur des volumes pour chaque exploitation, menace l'agriculture de la région, estimaient les manifestants brandissant des banderoles portant les slogans « Eau = indépendance alimentaire » ou « On a tous besoin de réserves d'eau ».
Pour Etienne Barada, responsable de Jeunes Agriculteurs du Midi-Pyrénées, « après nos problèmes de revenus, en raison des prix, on nous coupe un moyen de production ».
Thierry Guilbert, président de la Coordination rurale du Gers, a noté quant à lui que de « 5.000 à 6.000 hectares de cultures risquaient de ne plus être irrigués » si le nouveau système était appliqué. « Quand un agriculteur aura dépassé son quota de volume d'eau, il ne pourra plus en puiser même s'il y en a assez dans la rivière », a-t-il regretté.
La FRSEA et Jeunes Agriculteurs considèrent dans un communiqué que « sur les 240.000 emplois que fournit l'agriculture sur les dix-huit départements du bassin Adour-Garonne, de telles restrictions d'irrigation menaceraient directement de 5.600 à 8.400 emplois ».
Le préfet a indiqué le président de Jeunes Agriculteurs pour la région Midi-Pyrénées Christophe Canal, s'est déclaré « prêt à une étude d'impact » de la réforme et ouvert à la demande de création de retenues d'eau.
Dans le Midi-Pyrénées, a rappelé M. Canal, « un agriculteur sur deux irrigue » pour la production de maïs, de tabac, de melons, de fraises, de tomates, ou pour les vergers.
Le président du conseil général de la Haute-Garonne, Pierre Izard (PS), a déploré que les agriculteurs aient déversé une remorque de fumier devant le siège de l'assemblée départementale. Les manifestants se sont « trompé d'adresse », le conseil général de la Haute-Garonne ayant « toujours été une force de propositions pour étudier et mettre en œuvre des solutions [...] d'irrigation », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Une manifestation similaire a rassemblé à Mont-de-Marsan (Landes) un millier d'agriculteurs de la partie « Adour », selon les organisateurs, 800 selon la police. Brandissant des arrosoirs renversés et aux cris de « l'eau, c'est la vie » et « irriguer, c'est nourrir », les manifestants venus de plusieurs départements du bassin Adour-Garonne (Landes, Gironde, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées...) ont défilé à bord d'une trentaine de tracteurs à l'appel de la FRSEA de l'Aquitaine, de la Coordination rurale et du Modef.
Henri Emmanuelli (PS), président du conseil général des Landes, a apporté son soutien lundi aux agriculteurs en demandant « d'abord aux pouvoirs publics de revoir la copie sur les prélèvements d'eau », a-t-il dit à la presse. Pour « créer la ressource en eau », il a en outre demandé « à la profession agricole et à d'autres de nous aider à obtenir le rétablissement des crédits d'Etat sans lesquels on ne pourra pas financer de nouveaux ouvrages ».
Orama (Union des grandes cultures) et Irrigants de France (1) « apportent tout leur soutien aux irrigants des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées [...] » qui se trouvent « face aux annonces de réductions draconiennes de volumes d’eau alloués à l’agriculture ». Selon un communiqué commun lundi, elles « impacteront fortement les filières agricoles déjà fragilisées par la chute des revenus ». Pour ces deux associations, « l’eau est un facteur essentiel pour la production agricole, garant d’une production régulière, en qualité comme en quantité ».
Elles soulignent que « les irrigants ont toujours été conscients de la nécessité de partager cette ressource et se sont organisés depuis de nombreuses années dans des démarches de progrès » (compteurs d’eau, partage concerté des volumes, mise en place de tours d’eau, semis plus précoces…). Elles appellent les pouvoirs publics à davantage de pragmatisme sur le dossier des volumes prélevables, en tenant compte des « alternatives » qui existent déjà ; « l’une d’entre elles est le développement d’un plan national ambitieux de stockage de l’eau », écrivent Orama et Irrigants de France.
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(1) Irrigants de France réunit 35 groupements ou syndicats d’irrigants départementaux ainsi que les associations représentant les grandes cultures (AGPB, AGPM, FOP, UNPT).
B.V.
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