Le commissaire européen aux Services financiers, Michel Barnier, a regretté, jeudi, les « petites polémiques » des derniers jours entre Paris et Bruxelles concernant la spéculation sur les prix des matières premières, notamment agricoles.
Interrogé lors d'une conférence de presse, il a estimé qu'il s'agissait d'un « problème grave », à aborder « sans perdre trop de temps sur les petites polémiques ».
« J'ai regretté que tel ou tel ministre polémique avec la Commission à partir d'une phrase qui n'a jamais fait l'objet d'une validation politique », a-t-il ajouté.
La France a critiqué cette semaine un rapport de la Commission européenne, qui dans une version provisoire récusait tout lien entre les spéculations sur les marchés dérivés et les cours des matières premières.
« Le nouveau président du G20, le président de la République française, a raison de vouloir agir sur cette question » de la volatilité des prix des matières premières, qu'il « faut traiter sérieusement », a également déclaré Michel Barnier.
Il avait déjà dénoncé dans le passé la spéculation « scandaleuse » sur les prix agricoles, une position qu'il a réaffirmée jeudi.
« Je n'ai pas attendu d'avoir des preuves pour agir », a-t-il insisté, notant que plusieurs de ses initiatives récentes pour réguler les marchés financiers comprenaient des propositions pour les matières premières, notamment celle sur les produits dérivés ou celle sur les transactions boursières .
« Moi je suis convaincu du lien qui existe entre les marchés financiers et les marchés physiques. Je suis convaincu qu'il y a une forme de spéculation qui accentue, accompagne, accélère cette volatilité des prix », a-t-il indiqué.
Il a notamment évoqué un changement de stratégie des acteurs financiers sur ces marchés. « Le rôle des acteurs financiers, c'était essentiellement, historiquement, d'être des intermédiaires pour ouvrir des couvertures de risques. J'observe qu'ils investissent désormais directement sur ces marchés, (...) ce qui amène là aussi une plus grande spéculation et une plus grande volatilité », a-t-il expliqué.
« Moi je pense personnellement qu'il faut limiter les positions de telle sorte qu'un investisseur ne monopolise pas une trop grande partie d'un marché », a-t-il encore estimé.
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