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Matières premières

Bruxelles admet un rôle des marchés financiers

Publié le mercredi 02 février 2011 - 16h25

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La Commission européenne a reconnu mercredi un lien entre certaines activités financières et l'envolée des prix des matières premières, notamment agricoles.

 

« Il est clair qu'il y a une corrélation forte entre les positions prises sur les marchés dérivés et les prix » des matières premières elles-mêmes, reconnaît un rapport publié par Bruxelles.

 

Mais « il est toujours difficile d'évaluer complètement les interactions et l'impact des mouvements des marchés dérivés sur la volatilité des marchés physiques sous-jacents », d'autant que tous ces marchés physiques de matières premières ne fonctionnent pas de la même manière, ajoute-t-il.

 

L'exécutif européen s'était attiré les foudres de la France la semaine dernière, car une version préliminaire du document récusait tout lien entre les spéculations sur les marchés et les cours des matières premières.

 

Or la lutte contre ces spéculations, notamment quand elles touchent aux produits alimentaires, est l'une des priorités affichées par la France pour sa présidence du G20, qui réunit les grands pays industrialisés et émergents de la planète.

 

La Commission s'était défendue en affirmant que la phrase controversée n'avait pas été validée et avait repoussé la publication du rapport.

 

Le commissaire chargé des Services financiers, Michel Barnier, s'était également dit « convaincu d'une forme de spéculation qui accentue, accompagne, accélère la volatilité des prix » des matières premières.

 

A Paris, le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, s'est dit mercredi « soulagé de voir que la Commission a évolué sur ce sujet et a reconnu la part de la spéculation » dans la volatilité des prix.

 

La volatilité « vient d'abord de réalités physiques, d'un déséquilibre entre l'offre et la demande de produits alimentaires » et de la « multiplication des crises sanitaires et climatiques » (sécheresse en Russie, inondations en Australie), a expliqué le ministre.

 

Mais il y a un « troisième étage à la fusée », c'est la spéculation, « qui joue un rôle non négligeable dans la volatilité des prix », a-t-il ajouté.

 

« Les acteurs financiers sur les marchés de matières premières agricoles sont beaucoup plus nombreux qu'il y a dix ans et interviennent de manière beaucoup plus rapide », a souligné Bruno Le Maire.

 

Le rapport publié mercredi n'emploie toutefois pas le terme « spéculation », hormis dans une note de bas de page.

 

Mais le commissaire à l'Agriculture, le Roumain Dacian Ciolos, a lâché le mot lors d'une conférence de presse, estimant que la volatilité des prix agricoles « est due à certaines spéculations sur le marché financier, les marchés de produits dérivés ».

 

Bruxelles relève un parallélisme entre les augmentations des prix des matières premières ces dernières années, et le poids croissant des investisseurs financiers sur ces marchés : d'après le rapport, leurs investissements y atteignaient entre 170 et 205 milliards d'euros en 2008, contre seulement 13 milliards en 2003.

 

« Les produits agricoles ne sont plus seulement une denrée alimentaire, mais deviennent un produit financier », a souligné Michel Barnier.

 

La Commission insiste malgré tout sur la « complexité » des causes de la volatilité des prix, évoquant aussi la hausse de la demande mondiale, notamment en provenance des pays émergents, ou des problèmes de transport ou de restrictions aux exportations.

 

Comme solution, elle préconise avant tout davantage de transparence sur les activités des marchés. Cette idée sous-tendait déjà beaucoup d'initiatives de régulation financière prises ou prévues par l'Europe depuis la crise.

 

Michel Barnier s'est également dit favorable à des « limites de positions », empêchant un acteur financier de monopoliser une part trop importante du marché pour une matière première spécifique.

 

Il a rejeté en revanche l'idée de créer un gendarme des marchés de matières premières, estimant qu'une nouvelle autorité de supervision des marchés financiers (ESMA) dont l'Europe vient de se doter sert déjà de « radar », et que « les régulateurs nationaux ont aussi une responsabilité ».

 

 

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