La Cour des comptes européenne a publié mardi son premier rapport spécial sur l'aide au revenu versée aux agriculteurs dans les nouveaux États membres. Elle préconise une réforme qui garantisse que le soutien aux revenus bénéficie aux agriculteurs actifs qui exercent réellement et régulièrement des activités agricoles.
En particulier, les entités publiques chargées de gérer des terres appartenant à l'État et n'exerçant pour le reste aucune activité agricole devraient être exclues du soutien agricole de l'UE et aucun paiement ne devrait être effectué en ce qui concerne des terres inutilisées ou consacrées à des activités non agricoles.
Le régime de paiement unique à la surface (RPUS) a été conçu pour permettre aux nouveaux États membres qui ont adhéré à l'UE en 2004 et en 2007 de soutenir le revenu des agriculteurs. Il est actuellement appliqué dans dix États membres de l'UE, où il a donné lieu à des dépenses d'un montant de cinq milliards d'euros en 2011.
Le rapport de la Cour est centré sur les bénéficiaires de la politique, sur les terres éligibles ainsi que sur la contribution du régime à l'objectif consistant à soutenir le revenu des agriculteurs.
Il ressort de la conclusion générale de l'audit que la mise en œuvre du régime a entraîné l'émergence d'un certain nombre d'éléments contestables.
La définition des bénéficiaires de la politique est inadéquate : elle permet d'effectuer des paiements en faveur de bénéficiaires n'exerçant aucune activité agricole ou qu'une activité agricole marginale. Il s'agit entre autres de sociétés immobilières, d'aéroports, d'associations de chasseurs, de clubs de pêche ou de ski.
En outre, dans certains des pays concernés, l'aide a été payée en toute légalité à des entités publiques chargées de gérer des terres appartenant à l'État et n'exerçant pour le reste aucune activité agricole (ce qui a contribué à soutenir leur revenu). L'État est le plus important bénéficiaire des paiements au titre du RPUS en Hongrie (14 millions d'euros en 2010 concernant 82.000 ha de terres).
L'ensemble des surfaces agricoles éligibles à l'aide au titre du RPUS n'a pas été déterminé de manière fiable par les États membres, mais a été validé par la Commission. Cela a eu une incidence sur le montant de l'aide par hectare payé à chaque agriculteur, qui était tantôt supérieur, tantôt inférieur à ce qu'il aurait dû être. Certains pays ont révisé la totalité de leur surface agricole sans justification appropriée, ce qui leur a permis d'utiliser pleinement leurs enveloppes financières respectives.
En dépit des efforts des États membres concernés, l'aide a été payée pour des parcelles sur lesquelles aucune activité agricole n'était exercée.
Telle qu'elle est conçue, l'aide au titre du RPUS comporte en soi une contradiction : d'une part, elle est destinée à soutenir le revenu individuel des agriculteurs mais, d'autre part, elle est répartie entre les exploitations en fonction de la superficie des parcelles agricoles dont elles disposent.
Le RPUS bénéficie principalement aux grandes exploitations : globalement, 0,2 % des bénéficiaires reçoivent plus de 100.000 euros, ce qui représente 24 % du montant total des paiements.
Enfin, même si le RPUS a été conçu comme un régime transitoire, la plupart des États membres ne se sont pas préparés à la mise en place (prévue en 2014) du régime (fondé sur les droits au paiement) qui est déjà appliqué dans les États membres de l'UE à 15. Il pourrait en résulter d'importants retards dans les paiements
à l'avenir.
Téléchargez le rapport de la Cour des comptes européenne.