Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a annoncé mardi aux députés européens son intention de défendre sa proposition de compromis pour le budget de la période 2014-2020 face aux exigences de plusieurs Etats membres d'obtenir des coupes supplémentaires.
« J'ai défendu un budget qui aura un montant inférieur à la proposition de la Commission », a déclaré M. Van Rompuy lors d'un débat sur le sommet européen qui s'est terminé sur un échec vendredi. « Personne n'a demandé à aller au dessous des coupes que j'ai dû malheureusement proposer », a-t-il répondu aux députés européens qui lui demandaient de ne pas céder aux demandes de coupes supplémentaires des Etats.
M. Van Rompuy a proposé un compromis avec 973 milliards d'euros de crédits d'engagements, soit 75 milliards de moins que la demande de la Commission européenne. Cette proposition représente 1,01 % du PIB de l'UE.
Le sommet a échoué vendredi car la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron ont exigé 30 milliards de coupes supplémentaires.
Le Parlement européen lui a demandé de résister aux pressions et a rappelé son droit de veto en cas de mauvais accord. « Le Parlement européen a un droit de veto. Il ne faut pas l'oublier », a rappelé le co-président des Verts Daniel Cohn-Bendit. « J'espère que nous serons assez grand pour dire non » en cas de mauvais accord à l'issue du prochain sommet, prévu au début de l'année prochaine.
Chef des socialistes européens, Hannes Swoboda n'a pas eu de mots assez durs pour dénoncer la volonté des dirigeants de l'UE de couper dans tous les postes du budget. « L'Union européenne est lauréate du Prix Nobel de la Paix, mais les dirigeants actuels de l'UE ne sont pas dignes de le recevoir. Ils feraient mieux de rester chez eux la semaine prochaine », a-t-il soutenu.
« Il faut arrêter cette mascarade et introduire des ressources propres, car un budget européen fondé sur les contributions nationales tue l'Europe », a tonné le chef de file des libéraux et démocrates Guy Verhofstadt.
Le président du Parti Populaire Européen (PPE-conservateurs) Joseph Daul a abondé dans ce sens et a fustigé « la courte vue » des chefs d'Etat et de gouvernement.
« Lorsque l'Europe comptait douze membres, autour de la table il y avait onze dirigeants qui parlaient du budget européen et un qui parlait de son argent. La semaine dernière, nous avons vu débattre 27 Mme Thatcher, 27 bûcherons aveugles qui ne se rendaient pas compte qu'ils sciaient le tronc de leur arbre », a renchéri l'eurodéputé PPE français Alain Lamassoure, président de la Commission des Budgets du Parlement européen.
« Herman Van Rompuy doit trouver un compromis et vous voyez combien c'est difficile », a souligné le président de l'exécutif bruxellois.
José Manuel Barroso a remercié les élus de leur soutien et leur a confié son effarement devant la mesquinerie de certains dirigeants au cours du sommet.
Leur but était de « garantir que les autres contribuaient plus ou ne gagnaient pas autant qu'eux », a-t-il raconté.
« On ne peut pas conclure un pacte pour la croissance lors d'un sommet en juin et avoir un budget qui ferait le contraire », a pour sa part tancé Herman Van Rompuy.
« On m'a reproché ici d'être à la botte des grands pays. Je peux vous dire que je les ai aujourd'hui tous contre moi », a-t-il conclu.