La coopérative agricole Terrena mise sur l'« agriculture écologiquement intensive » pour assurer son avenir, avec pour objectif une production agricole de masse plus économe en intrants.
Le groupe, qui compte 25.000 agriculteurs adhérents, organisait les 27 et 28 mai près d'Angers un salon agricole en plein air sur 14 hectares, les « Terrenales ». Près de 10.000 visiteurs – essentiellement des agriculteurs – selon les organisateurs, devaient se rendre à cette manifestation vitrine de « l'agriculture écologiquement intensive ».
Huit thématiques sont présentées aux Terrenales, en un florilège de démonstrations faisant la part belle aux innovations respectueuses de l'environnement : nutrition et protection de la plante, nutrition et santé animales, outils et machines agricoles, gestion de l’eau, préservation des sols, biodiversité, valorisation de la biomasse, et bâtiments d’élevage.
Une éolienne qui produit « 35 kW/h, soit 50.000 kW/h d'énergie par an » surplombe les installations, à l'opposé d'un très large « semoir à maïs avec pulvérisateur sur le rang » permettant de « réduire par trois la consommation de produits de traitement ».
« On vient voir ce qui se passe, ça permet de se remettre un peu en question » sur les pratiques agricoles, explique un jeune producteur de lait de la Loire-Atlantique sur les allées du salon.
« Sortir du conflit binaire et frontal » entre agriculture bio et conventionnelle
L'événement laisse les agriculteurs biologiques sceptiques, mais le président de Terrena, Hubert Garaud, est enthousiaste. Depuis dix ans, les Allemands « ont su faire de l'environnement un facteur de croissance pour leur agriculture. […] Ils ont réussi à rendre leur économie agricole plus compétitive », explique ce producteur de volailles.
Terrena finance avec d'autres entreprises une nouvelle association pour une « agriculture écologiquement intensive », l'AEI, présidée par le scientifique Michel Griffon.
Il s'agit de parvenir, avec l'aide de la science, à « exploiter de la façon la plus efficace les particularités d'un écosystème local », explique M. Griffon, par ailleurs vice-président de l'Agence nationale de la recherche (ANR).
« Il y a beaucoup de pratiques de l'agriculture biologique qui sont applicables à l'agriculture intensive. Mais nous, nous ne nous interdisons pas par exemple d'utiliser les engrais ou les pesticides, quand il s'agit de sauver une récolte par exemple », explique-t-il.
Démarche contradictoire pour les défenseurs du bio
Marie-Laure Aubert, déléguée générale de l'association et ancienne députée (Verts) de 1997 à 2002, continue de « soutenir à fond le développement du bio ». Mais elle veut « sortir du conflit binaire et frontal » entre l'agriculture bio et l'agriculture conventionnelle. Il ne faut pas mettre les agriculteurs « en position d'accusés », mais s'appuyer sur eux et leurs capacités à « optimiser leurs pratiques », explique-t-elle.
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