La Coordination rurale (CR) a appelé jeudi la MSA à remplir son « devoir d'alerte » en publiant le nombre de suicides d'agriculteurs.
« Il est de votre devoir d'attirer l'attention des pouvoirs publics et de la société sur une situation très grave : la fréquence des suicides chez les agriculteurs », écrit François Lucas, président de la CR, dans une lettre ouverte à Gérard Pelhate, président de la MSA.
« Le suicide d'un agriculteur ne fait pas de bruit mais nous savons tous que c'est la plupart du temps son ultime et dramatique manière de dénoncer la situation de crise économique et morale que vit notre secteur », poursuit-il.
Selon lui, la MSA, par son fonctionnement décentralisé, « a la connaissance des raisons des décès (...) des agriculteurs » et est donc « en mesure de publier le nombre de décès liés à des suicides ».
M. Lucas s'est étonné au cours d'un entretien téléphonique qu'il n'y ait « pas de chiffres » alors que la recrudescence des suicides parmi les agriculteurs français « se voit, s'entend sur le terrain depuis des années ». Selon lui, « si on continue d'occulter la réalité, on sera coresponsables de ce qui va arriver après ».
« La réglementation interdit à la MSA d'avoir un registre des suicides car la cause du décès fait partie du secret médical », a réagi Christophe David, médecin conseiller technique à la MSA, qui relève qu'il n'y a pas d'Observatoire des suicides en France.
Il rappelle que l'absence de données n'empêche pas la MSA de mener depuis une quinzaine d'années un travail de prévention du suicide, en chargeant notamment des personnes qui s'occupent de la prévention de surveiller, avec les médecins du travail, les exploitations françaises.
Une étude de l'Institut de veille sanitaire et sociale (INVS) publiée en 2010 portant sur près de trente ans a relevé que le taux de suicide chez les agriculteurs est entre 60 et 80 % plus élevé que la moyenne des autres catégories socio-professionnelles.
Il est toutefois difficile de faire la part entre les facteurs professionnels (surcharge de travail, endettement, etc.) et personnels (célibat, vie en milieu rural, etc.) pouvant conduire un agriculteur au suicide, car « vie personnelle et professionnelle sont étroitement mêlées » dans son cas, a ajouté M. David.
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vendredi 11 juin 2010 - 09h00
Il n'y a pas besoin de savoir pourquoi les agriculteurs se suicident; on le sait. Dites seulement combien ont choisi cette dramatique solution par année et depuis 5 ans. En faisant la comparaison des courbes avec la crise tout le monde comprendra. Evidemment c'est très gênant car comparé avec France Telecom dont on a beaucoup parlé (et sans faire de "chichi" en invoquant je ne sais quel secret médical) , on se trouve en face d'un véritable holocauste. Cela relève presque du secret d'Etat. Cela me fait penser à la langue de bois des régimes communistes qui occultent systématiquement les catastrophes en affirmant que tout va très bien.