Comme au Space, les éleveurs attendaient le ministre de l'Agriculture de pied ferme, le 7 octobre au Sommet de l'Elevage, à Cournon, dans le Puy-de-Dôme. Et en particulier les éleveurs réunis par la Fédération nationale bovine (FNB) avec un tee-shirt rouge sur lequel on pouvait lire «Les producteurs de viande bovine en colère!».
Massés à l'entrée du salon depuis le début de l'après-midi, ils ont refoulé et expulsé le ministre. Jean-Michel Lemétayer, vêtu d'un tee-shirt noir marqué «SOS revenu», venu l'accueillir a également été hué. Certains éleveurs l'ont fermement invité «à l'action».
Une grosse bousculade a eu lieu à l'entrée du Sommet, durant laquelle des manifestants ont lancé de la viande en direction des CRS venus escorter le ministre.
«On n'a pas envie que le ministre visite le Sommet alors qu'on est en pleine crise, ça va très mal. On parle du lait mais notre viande se vend au même prix qu'il y a 25 ans! C'est pour ça qu'on l'a interdit d'entrée et j'en suis fier», a indiqué Bernard Malabirade, éleveur dans le Gers.
«Il nous dit qu'il comprend le terrain, notre situation, mais on n'en sait rien du tout, il n'y a rien de concret», a expliqué David Dechaud, éleveur dans l'Allier.
Le ministre s'est réfugié dans une salle avec les organisateurs du salon. Il n'en est sorti que pour faire son discours avant de quitter Cournon. Il a «condamné fermement ces actes de violence isolée, car il n'y a pas de dialogue sans respect, et pas de respect sans dialogue».
Bruno Le Maire a tout de même reçu quelques applaudissements lors de son discours dans une salle dont les entrées avaient été filtrées. Il a notamment annoncé que la vaccination contre la fièvre catarrhale ovine resterait obligatoire pour la prochaine campagne, mais serait «totalement gratuite pour les éleveurs».
«J'ai décidé que sur la base des textes réglementaires qui existent [...] que la vaccination (contre la fièvre catarrhale) serait réalisée pour des vétérinaires mais qu'elle serait totalement gratuite pour tous les éleveurs», a déclaré M. Le Maire.
Le ministre a ajouté que «l'intégralité du coût de la vaccination qui représente 98 millions d'euros serait pris entièrement à la charge de l'Etat».
«C'est une décision actée au début de la semaine à l'issue d'une bataille interministérielle difficile pour qu'aucun éleveur n'ait à payer quoi que ce soit dans le cadre d'une vaccination obligatoire qui garantit la sécurité sanitaire et qui vous garantit votre intérêt à l'exportation sur le maintien des cours», a-t-il expliqué.
Dans les allées du salon, le moral était au plus bas. «Toutes les productions sont touchées par la crise cette année», signalaient les exposants. Les constructeurs annonçaient avoir noué moins de contacts que les années passées. «Les échanges sont en revanche plus professionnels», signale plusieurs firmes.