A la veille de la Journée internationale des femmes (le 8 mars), l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a plaidé, lundi, en faveur de l'égalité hommes-femmes dans le domaine de la production agricole pour réduire le nombre de personnes souffrant de malnutrition dans le monde.
« Si les femmes dans les zones rurales avaient le même accès que les hommes à la terre, aux technologies, aux services financiers, à l'instruction et aux marchés, il serait possible d'augmenter la production agricole et de réduire de 100 à 150 millions le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde », assure la FAO dans la dernière édition de son rapport sur « La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture » 2010-2011.
« Ce rapport est un fort plaidoyer en faveur de la parité hommes-femmes dans l'agriculture », a déclaré le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, devant la presse, à Rome.
« La parité hommes-femmes n'est pas seulement un noble idéal, elle est également cruciale pour le développement agricole et la sécurité alimentaire. Nous devons promouvoir l'égalité des sexes (...) dans l'agriculture afin de remporter de manière durable la lutte contre la faim et la pauvreté extrême », a-t-il ajouté.
Les femmes, dans toutes les régions, ont généralement moins accès à la terre que les hommes, rappelle la FAO dans son rapport.
« S'agissant des pays en développement pour lesquels on dispose de données, les femmes représentent de 3 % à 20 % des propriétaires terriens » alors qu'elles représentent de « 20 % à 50 % » de la main d'œuvre agricole, 43 % en moyenne.
« Les agricultrices obtiennent moins de rendement que les agriculteurs, non pas parce qu'elles sont moins douées, mais parce qu'elles gèrent des exploitations plus petites et utilisent moins d'intrants, comme les engrais, les semences améliorées et les outils performants », affirme, dans le rapport, Terri Raney, qui en a supervisé la rédaction.
« La politique agricole doit être une politique d'égalité hommes-femmes car les femmes sont présentes dans tous les secteurs de l'agriculture », a insisté devant la presse, Ann Tutwiller, directrice-adjointe de la FAO. Elle a demandé « aux gouvernements, organisations internationales et agences de développement » un engagement dans ce domaine.
Bina Agarwal, directrice de l'Institut pour le développement économique de New Delhi, invitée à Rome pour la présentation du rapport, a souligné « la préoccupation croissante » dans le monde en raison de la disparité entre les hommes et les femmes, soulignant « la nécessité d'assurer que les femmes aient accès à la terre », condition première pour produire.
« Rien qu'en donnant aux agricultrices le même accès que les agriculteurs aux ressources agricoles, il serait possible d'augmenter de 20 à 30 % la production des exploitations gérées par les femmes dans les pays en développement », assure la FAO.
Les femmes restent en butte aux ségrégations et elles occupent des emplois mal rétribués, saisonniers ou à temps partiel, gagnant en général moins que les hommes, ajoute-t-elle.
« Nous devons éliminer toute forme de discrimination à l'égard des femmes dans les législations, leur assurer un accès plus équitable aux ressources, adopter des politiques et des programmes agricoles soucieux de l'équité entre les sexes et faire entendre la voix des femmes lors des prises de décision, à tous les niveaux », a conclu Jacques Diouf.
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