Des quantités élevées de méthane ont été retrouvées dans l'eau des puits situés à proximité des sites d'extraction du gaz de schiste dans l'est des Etats-Unis, indique une étude réalisée par des chercheurs de l'Université de Duke (Caroline du Nord).
Des échantillons d'eau ont été prélevés dans 68 puits appartenant à des particuliers dans cinq comtés du nord de la Pennsylvanie et dans l'Etat de New York, indique l'étude qui cherchait à évaluer l'impact de la technique très controversée de la fracturation hydraulique.
« Nous avons détecté du méthane dans 85 % des échantillons, mais les niveaux étaient 17 fois supérieurs à la moyenne dans les puits situés à un kilomètre des sites qui ont subi une fracturation hydraulique », indique Stephen Osborn, l'un des chercheurs.
« Certains des particuliers qui affirmaient que leurs puits avaient été contaminés par le gaz de schiste semblent avoir raison », a déclaré pour sa part un autre scientifique, Robert Jackson, professeur spécialiste des questions environnementales à l'Université de Duke.
Pour extraire les gaz de schiste, il faut forer jusqu'à 3 km de profondeur, et ensuite à l'horizontale, puis injecter d'énormes quantités d'eau, de sable et de produits chimiques pour fracturer la roche. Cette technique est fortement contestée car accusée de polluer les nappes phréatiques.
Le documentaire américain « Gasland » montre un homme qui, en approchant son briquet de l'eau qui coule de son robinet, fait jaillir après quelques secondes une énorme flamme. Un cas qui s'est produit à plusieurs endroits aux Etats-Unis.
L'étude, publiée lundi dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), assure que le méthane détecté dans l'eau des puits proches des forages provient bien de la fracturation hydraulique.
« Grâce aux différents isotopes des atomes de carbone et d'hydrogène qui composent le méthane (CH4), on peut distinguer le méthane thermogène, capturé dans les puits de forage de gaz lors de la fracturation hydraulique, du méthane qui se forme naturellement », précise le professeur en géochimie, Avner Vengosh.
« Et le méthane retrouvé dans les puits d'eau à un kilomètre a une composition isotopique proche du méthane thermogène », dit-il.
En revanche, les chercheurs n'ont pas trouvé de preuve de contamination de l'eau par les produits chimiques utilisés pour fracturer la roche, ou encore par l'eau usée, qui ressort du puits de forage, après l'opération.
Le méthane est inflammable et peut entraîner des suffocations, mais très peu de recherches ont été menées pour connaître les effets de l'ingestion d'une eau contaminée par du méthane.