A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Constatant que peu de secteurs vont bien en 2009 et que les prix aux producteurs se dégradent, avec une chute de 15% en moyenne sur un an, la FNSEA réclame la tenue d'une conférence gouvernementale sur le revenu.
Pour appuyer cette demande, elle organisera une journée de mobilisation vers la fin d'octobre, qui devrait prendre la forme de grands rassemblements régionaux.
«Le ministre de l'agriculture ne peut pas dire que la situation n'a jamais été aussi catastrophique et laisser les producteurs faire le dos rond», a justifié mercredi Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA.
Le syndicat réclame «une année blanche», autrement dit, un allègement des charges sociales et financières, telles que le report d'annuités de prêts. «Des incitations fiscales franco-françaises, pour lesquelles nous n'aurons pas de compte à rendre à Bruxelles, permettront d'investir dans l'aval et ainsi, garantir les débouchés», précise Jean-Michel Lemétayer.
Il appelle aussi à des mesures sur le coût du travail, frein à la compétitivité française: «Alors que nos collègues belges ou allemands ont un coût du travail à 7 €/h, nous sommes entre 13 et 15 €/h.»
Pour la FNSEA, l'agriculture doit aussi figurer parmi les secteurs prioritaires que le futur emprunt national annoncé par Nicolas Sarkozy sera appelé à financer.
Le responsable syndical a également déclaré que la FNSEA est «contre» la taxe carbone qui «chargera la barque de la profession», notamment les serristes soumis à la concurrence des produits venant d'autres pays européens où ce type de taxe n'existe pas.
Toutes ces mesures à court terme vise à passer le cap afin de se préparer aux enjeux de l'agriculture à moyen terme que sont la réforme de la Pac après 2013 et la loi de modernisation de l'agriculture.
«J'espère que dans la prochaine négociation européenne, le mot régulation ne sera pas jeté à la poubelle, avoue Jean-Michel Lemétayer. Mais il ne faut pas être naïf, ce débat sera précédé par celui du budget européen. Si nous y sommes maltraités, il ne faudra pas se faire d'illusion sur l'avenir de la Pac.»
En France, la future loi de modernisation doit, selon lui, «redonner le pouvoir aux producteurs». Cela passera notamment par la contractualisation dans les filières. Jean-Michel Lemétayer sera reçu la semaine prochaine par Nicolas Sarkozy pour s'entretenir de l'avenir de l'agriculture.
Au sujet du projet de loi de modernisation, le président de la FNSEA estime que ce texte devra préparer l'agriculture à l'évolution de la Pac, répondre aux questions sur le foncier et à celles sur la fiscalité. «Il faut être mobilisé sur tout ce qui donnera de la compétitivité à l'agriculture française», a précisé Jean-Michel Lemétayer.