La prise en compte de la pénibilité dans la réforme des retraites est « un nouveau coup porté à la compétitivité et à l'emploi », mettent en garde les principales organisations patronales dans une lettre ouverte au Premier ministre datée de vendredi, rapporte l'AFP. La FNSEA s'est associée à cette démarche. La pénibilité permettra à certains salariés, notamment agricoles, de partir plus tôt à la retraite. Cette mesure ne sera pas accessible aux exploitants agricoles.
La réforme des retraites, dont l'examen retournera à l'Assemblée nationale la semaine prochaine, prévoit la création d'un compte pénibilité en 2015. Il permettra aux salariés qui travaillent de nuit ou sont exposés à un environnement agressif de partir plus tôt à la retraite ou de se reconvertir, via un système de points. Environ 20 % des salariés du privé sont potentiellement concernés, selon Matignon.
Dans leur lettre, le Medef, l'UPA (artisans), la CGPME, la FNSEA et l'UNAPL (professions libérales) demandent « une compensation réelle des charges nouvelles liées à ce dispositif » et « une simplification draconienne de ses modalités », sans quoi « les entrepreneurs ne pourront que voir un nouveau coup porté à la compétitivité et à l'emploi ». Selon eux, « l'impact économique sur la croissance et l'emploi sera très important, tant par la charge qui pèsera sur les entreprises que par l'effet induit sur l'âge effectif de départ à la retraite ».
Par ailleurs, « mettre la pénibilité au cœur de la réforme de la retraite, c'est envoyer aujourd'hui le message que le travail est pénible, alors même que nos concitoyens subissent un chômage structurel élevé et attendent au contraire un message valorisant le travail », écrivent les syndicats patronaux. « Vouloir lier pénibilité et retraite, c'est aussi envoyer le message que les mesures de prévention prises par les entreprises pour leurs salariés ne servent pas à grand-chose », ajoutent-ils. Pour les organisations, le dispositif envisagé va à l'encontre du « choc de simplification » promu par ailleurs par le gouvernement. Les modalités, expliquent-elles, sont « particulièrement lourdes et coûteuses » et vont représenter « un véritable choc de complexité pour toutes les entreprises », surtout celles de taille modeste.
Le projet de loi de réforme des retraites, rejeté par le Sénat, sera examiné en nouvelle lecture à partir du mardi 19 novembre 2013 à l'Assemblée nationale, où les députés doivent rétablir l'allongement de la durée de cotisation et la création d'un compte pénibilité. Les députés vont examiner de mardi à jeudi une version du projet de loi quasi identique à celle qu'ils ont votée le 15 octobre. La commission des affaires sociales de l'Assemblée n'a en effet presque pas retouché le texte mardi dernier après l'impossibilité pour les députés et les sénateurs de s'accorder sur un compromis en commission mixte paritaire.
Le vote solennel sur le projet de loi « garantissant l'avenir et la justice du système de retraites » aura lieu le mardi 26 novembre 2013, puis ce sera au Sénat de le reprendre, sans doute pour le rejeter à nouveau, mais l'Assemblée aura le dernier mot.