Le conseil général du Tarn débat, vendredi 6 mars, des projets alternatifs à la retenue d'eau contestée de Sivens, tandis que le face-à-face est de plus en plus tendu entre pro- et anti-barrage.
Depuis samedi, la « zone à défendre » (Zad) instaurée en octobre 2013 à Sivens est en état de siège : chaque jour, des agriculteurs pro-barrage se relaient pour opérer un blocus des quelque quarante zadistes qui occupent le site.
Un ou deux coups de poing échangés
Entre pro- et anti-barrage, 300 gendarmes environ tentent d'empêcher les incidents répétés des derniers mois : voitures renversées, agressions diverses, menaces... Le weekend dernier, « un ou deux coups de poing » ont encore été échangés entre zadistes et riverains, selon les gendarmes.
Les agriculteurs, qui assiègent la Zad en réponse à l'occupation de leurs terres, disent leur « exaspération » face à une occupation qui perdure malgré plusieurs ordonnances d'expulsion prononcées en février. Ils promettent de bloquer le site au moins jusqu'à la réunion du Conseil général.
Les élus se mobilisent
Le 20 février, une vingtaine d'élus du Tarn et du Tarn-et-Garonne, les deux départements qui doivent bénéficier de la retenue d'eau, ont porté le même message en remettant à la préfecture d'Albi une lettre réclamant « l'expulsion sans délai (des zadistes, ndlr) avant que des faits graves ne se produisent ».
Sivens est déjà endeuillé par la mort du jeune écologiste Rémi Fraisse, tué le 26 octobre dernier par une grenade des gendarmes lors d'affrontements sur le site.
Depuis, les manifestations de protestation se sont multipliées, souvent accompagnées de heurts et dégradations, en dernier lieu le 21 février à Nantes et Toulouse.
Agriculteurs devant la Zad et anti-barrage à Albi
C'est dans ce contexte que le conseil général du Tarn va débattre des alternatives à la retenue d'eau initialement envisagée, sous la pression des pro comme des anti-barrage qui ont annoncé des rassemblements à Albi vendredi matin.
A un peu plus de deux semaines d'élections départementales délicates dans ce fief socialiste, les conseillers généraux pourraient être tentés de reporter toute décision à l'après-scrutin.
Mais, dans une lettre du 27 février 2015, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a une nouvelle fois exhorté le département à « délibérer sur le choix d'un scénario », rappelant que le projet initial est « définitivement abandonné ». En contrepartie, la ministre a promis d'indemniser le Tarn, maître d'ouvrage et donc seul habilité à officialiser un arrêt des travaux, s'il entérine un « abandon définitif et irrévocable » du projet initial.
Les ministres donnent leurs avis
Mme Royal avait présenté à la mi-janvier deux solutions de remplacement : un Sivens « light » visant un réservoir réduit de moitié environ, soit 750.000 m³, qui épargne « plus de la moitié de la zone humide impactée par le projet initial », selon des experts mandatés par la ministre, ou un ensemble de quatre retenues plus petites, une à Sivens et trois autres non loin.
Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, a lui invité à « comprendre les besoins : 80 agriculteurs, ça mérite qu'on s'en occupe ». Il a rappelé que « le jour où on aura une sécheresse, on viendra voir le ministre pour lui demander d'acheter du foin ».
Le président socialiste du Conseil général, Thierry Carcenac, a déjà fait part de sa préférence pour la première solution. Quant au président du Tarn-et-Garonne, Jean-Michel Baylet (PRG), il a déclaré à l'AFP que « Sivens est une nécessité », se disant simplement prêt à « revoir la copie » si c'est nécessaire. Avant tout, « l'ordre républicain doit l'emporter », tranche-t-il.
Aucune option ne satisfait ni les pro, ni les anti-barrage
Les écologistes demandent « de nouvelles études » pour prouver qu'il est possible d'utiliser les retenues qui existent déjà aux alentours, explique Françoise Blandel, du Collectif Testet. « Nous demandons que le Conseil ne prenne pas de décision sur une solution de remplacement », explique-t-elle.
Les pro-barrage, quant à eux, estiment « impératif qu'il y ait une décision » afin de « lever l'écrou » que Mme Royal a verrouillé en repoussant une expulsion des zadistes après une décision du département, explique Philippe Jougla, président de la FDSEA du Tarn. Il veut « au minimum » une retenue de 1 million de mètres cubes environ, soit plus que les 750.000 m³ envisagés par les alternatives.
Les zadistes ont lancé un appel à mobilisation avant une expulsion qu'ils attendent dès le 7 mars. « La Zad est en danger. On a besoin de soutien. On lâche rien ! », écrivent-ils sur leur site « Tant qu'il y aura des bouilles ».
indemniser?
mercredi 04 mars 2015 - 16h37
Comment peut on affirmer que l’État indemnisera si le barrage ne se fait pas? C'est la logique du "ça ne coûte rien , c'est l’État qui gère". C'est enfin (un peu) rassurant d'entendre M.Le Foll tenir des propos sensés: mieux vaut mettre en œuvre des moyens pour lutter contre les aléas de la nature (pas toujours bonne, la Dame nature), plutôt que de quémander l'aumône aux pouvoirs publics.