Les 4èmes rencontres nationales travail en élevage, organisées par l'inra, l'Institut de l'élevage et les chambres d'agriculture, se sont déroulées les 5 et 6 novembre à Dijon.
Un sentiment dominait les débats : le travail est devenu un facteur limitant dans certains élevages : temps de travail élevé, course à l'agrandissement, manque d'habitude de manager des salariés... Les raisons des blocages ne manquent pas. Pourtant, après deux jours de partage d'expériences très denses, les pistes aussi semblent multiples.
Il faut, selon les organisateurs, sortir de la sinistrose tout en ne niant pas la réalité, en s'appuyant sur le témoignage d'éleveurs : « la vérité sort de la bouche des éleveurs ». Ensuite, les tensions qui existent : tensions entre les prescriptions contraires, les envies des éleveurs, les envies de collectif. Mais, avec des conseillers formés, ces tensions se surmontent.
Les intervenants demandent de réhabiliter le travail intellectuel dans les métiers de l'élevage et le conseil : savoir douter, savoir trier les informations, se poser des questions. Les accompagnateurs des éleveurs doivent faciliter l'autonomie des éleveurs. Ce qui demande une nouvelle posture de conseil, une écouté active.
De nouvelles attentes
De nouveaux sujets émergent dans les élevages : concilier les temps de vie, se former au management, l'image des métiers. Il y a des moments clefs pour intervenir auprès des éleveurs : la formation, l'installation, l'association, le recrutement du premier salarié, la cession de exploitation.
L'intégration du numérique et de la robotisation (et pas seulement l'arrivée d'un robot de traite) entrainent une transformation profonde des métiers. Cela bouleverse le dispositif d'information, mais aussi les relations entre homme et animal.
Enfin, les éleveurs ont besoin d'objectivité, de comprendre pour éviter de tomber dans les clichés : se comparer à d'autre métiers pour relativiser leur situation, pour mesurer l'attractivité du métier.
« Au bord de changements radicaux »
En conclusion, Benoît Dedieu, un des initiateurs de ces rencontres entre Inra, institut de l'élevage, chambres d'agriculture et MSA, soulignait : « Nous sommes au bord de changements radicaux. Les premières rencontres (1996) traitaient surtout du temps de travail et de l'organisation. Puis, en 2004 et 2009, elles ont glissé vers la sociologie, la posture du conseiller, les systèmes de productions porteurs de sens. Aujourd'hui, les premiers sujets sur le quantitatif ont quasiment disparu. De nouveaux sujets émergent très fort : l'attractivité du métier et la santé (bien-être des hommes, sens du métier au regard de la société), les grands changements technologiques, le lien à l'aval ».
Enfin, une remarque après les témoignages entendus, les pratiques multiples des éleveurs, leur participation à des nombreuses structures à géométrie variable adaptées à leur besoins, à leur activité, à leur région (Cuma, groupement d'employeurs, Gaec, banque de travail, association partielle, magasin de producteurs...) sont de plus en souvent difficilement contenues dans la seule définition de ce qu'est un exploitant agricole. Les contours deviennent de plus en plus étriqués face à l'imagination des éleveurs. Ce qui rend parfois illisibles les besoins en conseil. Le terrain semble aller plus vite que les structures professionnelles qui l'encadrent.