Les forces de l'ordre ont expulsé jeudi matin des militants hostiles à un projet de barrage dans le Tarn du site qu'ils occupent depuis plusieurs mois, a-t-on appris de sources concordantes. Une centaine de gendarmes étaient déployés sur le site, situé sur le territoire de la commune de Lisle-sur-Tarn. Ce barrage est censé assurer l'approvisionnement en eau des fermes voisines.
Les forces de l'ordre ont démonté une baraque en bois construite par le collectif « Tant qu'il y aura des bouilles » qui dénonce le projet depuis octobre à la façon des opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, selon les gendarmes. Elles expulsaient les occupants du site et empêchaient une quarantaine de militants arrivés en renfort d'y accéder.
La préfecture a expliqué que ces expulsions, menées à la demande du conseil général du Tarn, maître d'ouvrage du projet, faisaient suite à une décision de justice. « Il est procédé ce jour à l'expulsion des opposants au projet de barrage de Sivens » qui sont « installés illégalement sur site », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Le barrage-réservoir de 1,5 million de mètres cubes d'eau stockée doit être construit sur la zone humide du Testet, au pied de la forêt de Sivens, dans le nord-ouest du Tarn, par la Compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne (CACG). Le barrage est censé soutenir l'étiage du Tescou, petit affluent du Tarn et assurer l'approvisionnement en eau des fermes voisines. Mais c'est aussi un réservoir de biodiversité de 13 hectares qui est appelé à disparaître et la tension va grandissant au fur et à mesure que les échéances approchent.
« C'est scandaleux de la part d'un gouvernement qui se dit socialiste. Cette affaire va devenir un scandale d'Etat », a déclaré à une correspondante de l'AFP un membre de « Tant qu'il y aura des bouilles », un terme local qui désigne des terrains humides et peu rentables, prévenant que l'affaire n'en resterait pas là. « Nous n'allons pas abandonner ! Bien au contraire ! », a-t-il affirmé.
Après avoir empêché des opérations de prélèvements d'espèces dans le cadre des travaux préparatoires à la construction du barrage, les « zadistes » comme ils s'appellent en référence à la « zone à défendre » créée dans la Loire-Atlantique, entendaient aussi rendre impossibles les opérations de déforestation prévues incessamment sur le site.
Un autre collectif lutte contre le barrage. Ce « collectif pour la sauvegarde de la zone du Testet » regroupe des associations de défense de l'environnement et veut, quant à lui, agir contre le projet par les voies légales. Ces opposants, qui évoquent aussi le coût élevé du barrage (8 M€) pour « l'irrigation intensive » d'un faible nombre, une vingtaine d'agriculteurs selon eux, a toutefois été débouté d'une de ses actions en justice.