L'association de consommateurs a annoncé mardi avoir lancé des discussions avec le gouvernement pour mettre en place des coefficients multiplicateurs maximaux entre prix au consommateur et prix agricoles. Une étude d'UFC-Que Choisir montre que les industriels et les distributeurs profitent des variations des prix des produits agricoles pour ''verrouiller'' des hausses de marge.
«Les distributeurs et industriels répercutent les hausses des prix alimentaires, mais ne répercutent que de façon partielle les baisses aux consommateurs», a déclaré Alain Bazot, président d'UFC-Que Choisir.
Grâce à cette technique «du cliquet», les prix du lait demi écrémé au consommateur se sont raffermis de 22% depuis 1992 alors qu'ils ont baissé de 5% pour l'agriculteur selon l'observatoire de l'association. La côte de porc est vendue 25% plus cher alors que les prix au producteur ont diminué de 26% sur la période. Même constat en volaille où le producteur a vu sa rémunération au kilogramme croître de seulement 2% tandis que les prix en rayon ont grimpé de 41%.
«Nous souhaitons que soient mis en place les coefficients multiplicateurs, dans les cas où la loi du marché ne fonctionne pas, a expliqué Olivier Andrault, chargé de mission en agriculture et alimentation pour UFC-Que Choisir. Les marchés ne fonctionnent pas toujours comme ils le devraient et certains acteurs peuvent conserver des marges trop importantes, alors que les lois de la libre concurrence devraient les en empêcher.»
Techniquement, l'idée de ces coefficients, «c'est de garantir au consommateur un prix de vente maximal par rapport au prix agricole du même produit. Cette disposition est définie dans la loi de 2005 et existe pour le secteur des fruits et légumes, a rappelé Alain Bazot. Il faudrait étendre et d'adapter ce dispositif pour un ensemble de produits agricoles peu ou pas transformés».
La FNSEA s'est félicité mardi du travail de l'association: «Cette étude confirme ce que nous dénonçons souvent: derrière de «jolies» publicités sur la baisse des prix, la réalité des marchés n'apparaît pas.»
Le syndicat s'est également réjouit que «sous la pression et la dénonciation permanente des agriculteurs français, la hausse des contrôles de la DGCCRF a permis de sanctionner les dérapages répétés des distributeurs».
Vendredi dernier, la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF) a réclamé la mise en place rapide des coefficients pour le secteur de la pomme, en crise conjoncturelle depuis plus de 70 jours. Jusqu'à présent, le dispositif des coefficients multiplicateurs n'a encore jamais été utilisé par le secteur des fruits et légumes. «Mais l'existence de cet outil a aussi un effet dissuasif», estime Alain Bazot.