Visionnez l'interview d'Alain Bazot, président de UFC-Que choisir. |
«L'évolution des prix agricoles ne justifie pas les augmentations observées sur les prix de la viande en rayon, a affirmé mardi Alain Bazot, président de UFC-Que choisir. Nous demandons que les acteurs de la distribution s'expliquent sur leurs marges.»
L'association de consommateurs a présenté mardi les résultats de son étude sur l'évolution du prix des viandes de boeuf, de porc et de volaille entre 1990 et 2008. Ce rapport dénonce le décalage entre les prix à la production et ceux proposés aux consommateurs.
«Le prix du boeuf à la consommation a augmenté de 50% entre 1990 et 2008, alors que les prix de gros ont baissé de 15% dans le même temps. C'est inacceptable», a lancé Alain Bazot.
Concernant la viande de porc, l'enquête fait état de «l'affranchissement des prix en rayons» par rapport aux prix payés aux producteurs depuis 2001: «Les prix à la consommation ont progressé de 16% pour le rôti et de 26% pour l'échine, alors que dans le même temps le prix agricole du porc baissait de 30%.»
De même pour la volaille: les prix de détail entre 1990 et 2008 ont augmenté de 40%, contre une augmentation des prix agricoles de seulement 7%.
L'étude met clairement en cause les marges des professionnels de la distribution. En effet, les surcoûts avancés par ces derniers (réglementation relative à la vache folle, taxe d'équarrissage, main-d'oeuvre, énergie, etc.) n'expliquent pas à eux seuls la hausse des prix au détail. «Pour l'entrecôte, ils ne représentent que de 1,1 à 1,5 euro le kilogramme sur les 6 euros d'augmentation constatée entre 1990 et 2008», précise l'étude.
«La transformation et la distribution augmentent leurs marges pendant les crises sanitaires où à la faveur des hausses de marchés, mais ne les rendent jamais», a dénoncé Alain Bazot.
Partant de ces constats, UFC-Que choisir interpelle les pouvoirs publics pour «construire un outil performant de diagnostic sur l'évolution et la construction des prix alimentaires». Pour Alain Bazot, «l'Observatoire des prix et des marges en place depuis 2008 est une vaste hypocrisie». Il lui reproche principalement de ne renseigner que sur l'évolution des marges sans en détailler le montant.
L'Union des consommateurs demande également à ce que soit confié plus de pouvoir à l'Autorité de la concurrence, afin de «garantir la concurrence entre les enseignes de la grande distribution».
Alain Bazot rencontrera le mardi 3 février 2009 Jean-Michel Lemetayer, président de la FNSEA, pour échanger sur ces questions. Producteurs et consommateurs pourraient faire front commun dans la lutte contre les «marges injustifiées de la grande distribution», propose le président de UFC-Que Choisir.
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