Après son repli de 2009 (-0,4 %), « le marché du foncier reprend des couleurs », note la Fédération nationale des Safer (FNSafer), dans son étude annuelle sur le marché de l'espace rural. Le prix de la terre agricole affiche en effet une progression de 1,9 % en 2010, pour s'établir à 5.230 euros l'hectare. L'hectare de terres louées enregistre une hausse plus forte, de 4 %, et s'échange à 3.260 euros. Deux facteurs d'explications sont avancés : la remontée des revenus agricoles et la baisse des taux d'intérêt.
La FNSafer constate que cette reprise ne concerne pas les agriculteurs, qui diminuent leurs achats pour la deuxième année consécutive. « En 2010, les agriculteurs, acquéreurs majoritaires des fonds libres non bâtis, continuent à se retirer du marché, sur la lancée de 2009 : -8,2 % en nombre et -6 % en surface », indique l'étude.
Selon la FNSafer, c'est l'arrivée de particuliers non agriculteurs, venant partiellement compenser le retrait des agriculteurs, qui favorise la hausse de prix en 2010. Leurs acquisitions restent toutefois stables en nombre (-0,8 %) et reprennent en surface (+4,5 %).
Contraction du marché
Parallèlement, « nous assistons à une fermeture structurelle du marché foncier agricole », signale Robert Levêque, directeur de Terre d'Europe Scafr. Ce dernier y voit l'effet de l'extension des surfaces en fermage, puisque « les terres louées sont mises moins souvent en vente que les terres libres », ainsi que des perspectives de plus-values de propriétaires situés en zone péri-urbaines, qui provoquent des « rétentions de terres ».
Autre facteur avancé : le développement des formes sociétaires en agriculture. « De plus en plus d'exploitations se transmettent par transfert de parts de sociétés, sans mouvements fonciers. Celles-ci sont encore majoritairement agricoles, mais ce phénomène nuit à la transparence des transactions foncières », précise Robert Levêque.
L'étude pointe enfin du doigt le gaspillage des terres agricoles. « La surface agricole a diminuée de 7 millions d'hectares entre 1960 et 2010, au profit de la forêt, de l'extension des villes et des infrastructures. » Ce qui est de plus en plus rare devient de plus en plus cher.
Concernant ce dernier point, André Thévenot, président de la FNSafer, tire le signal d'alarme : « La France fait partie des pays qui consomment le plus d'espace. Tous les quatre, cinq ans, c'est l'équivalent en surface d'un département de terres qui quittent l'agriculture. Et nous sommes toujours dans l'observation. Il faut des règles contraignantes pour déclasser les zones envoyées à l'urbanisation. Le défi de la terre sera l'un des plus grands enjeux de demain ! »