Stéphane Le Foll, fidèle d'entre les fidèles, devient logiquement porte-parole du gouvernement, lui qui, inlassablement, a écumé les plateaux pour expliquer l'action de François Hollande, dont il a été directeur de cabinet au PS pendant onze ans et qu'il n'a jamais quitté.
En plus de l'Agriculture, qu'il conserve, M. Le Foll aura la lourde tâche de porter la parole de l'exécutif, succédant à Najat Vallaud-Belkacem. Maintenue dans l'équipe gouvernementale, la benjamine du gouvernement avait semblé anticiper cette dépossession de prérogatives, expliquant mezza vocce que le porte-parolat était trop lourd pour elle, rapporte l'AFP.
Cette promotion médiatique de Stéphane Le Foll constitue également un clin d'œil appuyé au camp des « Hollandais historiques », au même titre que l'entrée au gouvernement de François Rebsamen. Cette garde rapprochée, qui s'était réunie mardi soir et avait exprimé son mécontentement en pleines tractations sur le remaniement, inquiète de voir sa part, déjà faible, se réduire encore.
Car « Le Foll, c'est un complice. C'est sans doute le plus proche de François Hollande », résume le député socialiste du Nord Bernard Roman. Sa nomination comme porte-parole dans le gouvernement du si doué communicant Manuel Valls n'a donc rien d'un hasard.
Du haut de son mètre quatre-vingt-douze, avec ses grandes mains et sa mèche argent, il parle franc, ne se dérobe pas, et tutoie volontiers. L'anti-Hollande sur la forme. Mais sur le fond, « il n'y a pas une feuille de papier entre eux deux », assure une observatrice.
Est-ce grâce à son passé de champion universitaire de foot et de handball qu'il ne craint pas de mouiller la chemise ainsi ? Car depuis son arrivée « aux responsabilités » en mai 2012, il fait partout le service après-vente du gouvernement, malgré l'impopularité du chef de l'État, bravant les couacs. Et parle moins d'agriculture.
Né au Mans en 1960, ce fils d'instituteur, a été directeur de cabinet de François Hollande pendant les onze ans que l'actuel chef de l'Etat a passé au poste de premier secrétaire du Parti socialiste (1997-2008). Titulaire d'un DEA en économie de l'université de Nantes et d'un diplôme supérieur du Cnam, petit-fils d'agriculteur, Stéphane Le Foll est un pragmatique terre-à-terre, qui tranche avec les amis de promo de l'Ena du président.
« J'en ai vu »
Et il est l'un des rares « bédouins » à l'avoir suivi dans sa traversée du désert, entre la fin de son mandat de premier secrétaire du Parti socialiste en 2008 et la primaire socialiste en 2011.
Il a ensuite été coordinateur de la campagne du candidat Hollande, et, à ce titre, il était omniprésent au QG de campagne avec Pierre Moscovici, Aquilino Morelle et Manuel Valls, prenant parfois ombrage de l'importance prise par les « ralliés ».
« J'étais là en 2002, le soir du 21 avril, je suis resté. J'étais là au moment du vote sur le traité constitutionnel en 2005. [...] J'en ai vu, je connais ces moments difficiles », disait-il pas plus tard que lundi. Mais « si on reste abattu, ça ne solutionne rien, faut toujours reprendre un drapeau quand il est par terre et se battre. »
Très abordable, claquant volontiers la bise aux dames charmées, il ne tire pas sur les camarades mais réussit à imposer ses vues comme sur l'écotaxe, pour laquelle il n'a jamais caché sa réticence.
Au ministère de l'Agriculture, il a tenté d'imprimer sa patte. Passionné d'agronomie, ancien professeur d'économie dans des lycées agricoles de la Sarthe, il a souhaité donner une véritable impulsion à l'agroécologie.
L'ancien député européen (de 2004 à 2012) a aussi mis tout son poids à Bruxelles pour tenter de protéger l'enveloppe française de la future politique agricole commune (Pac) et réorienter les aides en faveurs des éleveurs et des petites exploitations.
Sur les cultures transgéniques, il a longtemps imposé une fin de non-recevoir. Mais il y a quelques semaines, il a infléchi son discours sur les OGM de seconde génération.
Dimanche, il a été réélu conseiller municipal du Mans, la liste du maire socialiste Jean-Claude Boulard étant sortie victorieuse face à l'UMP, mais de peu.
En 2012, il avait réussi à ravir la quatrième circonscription de la Sarthe (celle de François Fillon parti à Paris), après deux tentatives infructueuses.