A quelques jours du Salon de l'agriculture (Sia), le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, reconnaît, dans un entretien accordé le 19 février 2014 à l'AFP, qu'il s'agit d'« un moment politique délicat » et tente de rassurer les consommateurs sur le système de contrôles sanitaires et les agriculteurs sur l'écotaxe.
La colère gronde dans les campagnes, contre l'écotaxe, les normes environnementales, le coût du travail, vous allez être chahuté au salon cette année ?
Le salon est toujours un moment politiquement délicat, surtout pour la gauche car on n'est pas dans un monde professionnel très acquis à notre cause au départ. Le Salon de l'agriculture, c'est toujours une unité de temps, de lieu, où se retrouvent les agriculteurs, les citoyens et le politique. Et il y a toujours ce moment où il peut y avoir des incompréhensions. On essaie d'apporter des réponses mais on ne peut pas satisfaire tout le monde. On a eu une négociation sur la politique agricole commune, il y a des aides, des enjeux en termes d'organisation de filières comme c'est le cas avec « Viande de France ». Ce que nous faisons est à la fois dans l'intérêt des agriculteurs et pour apporter un message aux citoyens.
Justement, les citoyens, les consommateurs, comment les rassurer après un rapport de la Cour des comptes très sévère sur notre système sanitaire, et alors que la question de l'étiquetage de l'origine de la viande dans les plats préparés n'avance pas à Bruxelles ?
Pour améliorer les choses, on a stoppé l'hémorragie de fonctionnaires à la DGAL (Direction générale de l'alimentation, ndlr) et on va se concentrer sur les tâches sanitaires, pas administratives. De plus, avec la loi sur la consommation de Benoît Hamon, les sanctions (en cas de fraude) ont été renforcées ; donc ça va coûter très cher et chacun doit être responsabilisé. Maintenant, je trouve ça assez injuste (de mettre en cause la DGAL). Car on a quand même un système extrêmement performant, avec des demandes de coopération vétérinaire de l'étranger. Sinon, vous avez une autre hypothèse, vous faites comme en Amérique, vous utilisez de l'eau de Javel. Là c'est simple, pour être sûr que ce soit aseptisé, vous badigeonnez tout de Javel.
Par ailleurs, pour rassurer le consommateur et lui donner une visibilité, il y a le logo « Viande de France » qui vient d'être lancé et sera un des gros axes de communication au salon. Les filières se sont organisées pour assurer un cahier des charges et une traçabilité. Et dans la grande distribution, une majorité (d'enseignes, ndlr) ont pris aussi l'engagement de le valoriser. Certes, ça ne suffit pas et il faut un changement sur l'étiquetage au niveau européen, mais c'est déjà un progrès énorme.
En ce moment, il y a deux sujets qui bouillonnent : le prix du lait que la grande distribution rechigne à augmenter, et l'écotaxe. Comment allez-vous intervenir sur ces deux points épineux ?
Sur le lait, je le redis, après avoir mis en place la médiation l'an dernier, je ne peux pas concevoir qu'on puisse renégocier un prix pour 2014 qui soit en dessous de la moyenne du prix de 2013 alors qu'en Allemagne, le prix du litre est 6 centimes plus cher. Chacun doit être responsable.
Sur l'écotaxe, nous avions proposé des systèmes pour une exonération des circuits de production agricole localisés. On a fait passer les documents à la mission parlementaire. J'ai vu le président de cette mission la semaine dernière, on en a parlé. Je leur ai redit ce que nous avons proposé et ils regardent avec beaucoup d'attention.
Propos recueillis par Sandra Laffont (AFP)