« Nous n'avons pas envie de payer pour les erreurs commises en Allemagne [avec le scandale de la dioxine, NDLR], prévenait Jean-Michel Serres, le président de la Fédération nationale porcine (FNP), jeudi, lors d'une conférence de presse. C'est pourquoi nous réclamons une mise en œuvre très rapide de l'accord interprofessionnel signé en décembre 2010 sur la mention de l'origine géographique des produits. Les éleveurs français n'ont plus les moyens d'attendre. »
La demande du syndicat vise les industriels et surtout les distributeurs. La FNP réclame la mise en œuvre de l'accord interprofessionnel sur la viande fraîche, les produits de charcuterie de marque de distributeurs, et aussi sur les gammes de premiers prix.
« Il faut que tous les distributeurs jouent le jeu, insiste Jean-Michel Serres. Le prix du porc en France se fait sur les kilogrammes importés à bas prix. Aujourd'hui, un éleveur français est payé 1,29 €/kg et un Allemand 1,05 €/kg. » Et il ne fait pas l'ombre d'un doute, pour la FNP, qu'il suffit qu'un industriel ou un distributeur s'approvisionne outre-Rhin à bas prix pour que les autres suivent.
« L'épisode allemand nous renforce dans nos convictions par rapport à VPF ou la mention de l'origine, poursuit Paul Auffray, le secrétaire général de la FNP. Laisser une brèche ouverte, c'est la possibilité pour l'aval de s'adapter. »
Le syndicat compte aussi sur le ministre pour appuyer sa demande auprès des distributeurs.
Bruno Le Maire a d'ailleurs tenu à « marquer sa préoccupation face à la situation de la filière porcine en Europe et en France », selon un communiqué du ministère, publié jeudi.
Le ministre « a réuni ce matin les acteurs de la grande distribution. Il souhaite que les différents acteurs de la filière respectent sans délai les engagements d'étiquetage et de mise en valeur des produits français qu'ils avaient pris. Les acteurs de la grande distribution ont marqué leur accord. », poursuit le communiqué.
Bruno Le Maire « appelle également tous les autres acteurs de la filière à mettre en œuvre immédiatement les engagements pris le 15 décembre dernier en faveur de l'étiquetage de l'origine des viandes françaises, vendues fraîches ou dans les produits transformés, notamment les salaisons ».
« Par ailleurs, une réponse européenne est indispensable », selon le ministère. Bruno Le Maire proposera au commissaire européen, Dacian Ciolos, et au Conseil des ministres de l'Agriculture de l'UE, qui se réunit le lundi 24 janvier, « un paquet de mesures urgentes à l'échelle européenne, notamment l'aide au stockage privé, selon des modalités adaptées ».
« Au-delà, l'ampleur de la crise nécessite la mise en place d'un groupe européen à haut niveau pour une nouvelle régulation du marché du porc », ajoute le communiqué.
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