L'association environnementale Eau et Rivières de Bretagne a engagé mercredi le 7 septembre 2015 devant le tribunal administratif de Rennes un recours en annulation d'une autorisation d'exploiter délivrée à la « porcherie des 1.000 truies », une maternité porcine industrielle située à Trébrivan (Côtes-d'Armor), près de Carhaix, a-t-elle annoncé vendredi.
Eau et Rivières de Bretagne dénonce notamment le fait que cette porcherie, qui produit plus de 23.000 porcelets par an, ne soit pas équipée d'un dispositif de traitement industriel des effluents, a expliqué à l'AFP son porte-parole, Jean-François Piquot. Cette maternité porcine industrielle s'appuie uniquement sur « un plan d'épandage gigantesque », couvrant 480 hectares « entièrement mis à disposition par des tiers », dans un secteur hydrogéologique sensible, caractérisé par « un relief accidenté, des pluies abondantes et la présence de nombreuses sources et ruisseaux », souligne l'association dans un communiqué. Elle conteste également « l'insuffisance de traitement des rejets d'ammoniac dans l'atmosphère, puisque seulement 7 % des quantités d'ammoniac produites sont éliminées, les 93 % restantes étant rejetées dans l'air ».
« Les mesures retenues par l'exploitant sont de nature à satisfaire aux prescriptions réglementaires »
Entrée en service en 2011, à l'initiative de cinq éleveurs associés dans le projet, la maternité porcine de Ker Anna peut accueillir plus de 1.000 truies qui donnent naissance à 23.000 porcelets par an, produit quelque 5.000 m³ de lisier et 7 tonnes d'ammoniac par an, selon des associations environnementales.
Le préfet des Côtes-d'Armor avait pris, le 7 octobre 2014, un arrêté autorisant l'exploitation de cette maternité porcine baptisée par ses opposants « porcherie des 1.000 truies » en référence au projet controversé de « ferme des 1.000 vaches » dans la Somme.
S'appuyant sur un avis favorable rendu par le conseil départemental des risques sanitaires et technologiques, le préfet avait alors considéré que « les mesures retenues par l'exploitant [...] sont de nature à satisfaire aux prescriptions réglementaires applicables à l'élevage au titre du code de l'environnement », notamment en matière d'émissions gazeuses d'ammoniac et d'épandage.
Un premier arrêté cassé en 2012
Un précédent arrêté d'autorisation, datant de 2010, avait été cassé en 2012 par le tribunal administratif de Rennes après un premier recours d'associations environnementales, inquiètes du risque de pollution des eaux. Le tribunal, dont la décision avait ensuite été confirmée par la cour administrative d'appel de Nantes, avait alors invoqué une étude d'impact insuffisante, ne tenant pas suffisamment compte du risque écologique pour les cours d'eau proches de l'exploitation. L'élevage avait toutefois pu continuer à fonctionner grâce à une dérogation préfectorale.