« Depuis le 23 septembre, il est tombé 500 mm d'eau, du jamais vu, constate Pierre Lavallée, agriculteur à Marck, près de Calais. Les sols sont gorgés d'eau et même parfois noyés. Dans les communes des Attaques, de Coulogne, Guemps, Marck... entre 90 et 95 % des surfaces de pommes de terre et 80 % des betteraves sont encore en terre. »
Le Calaisis n'est pas le seul secteur concerné. Sur une bande de 40 km de largeur, entre le sud de Montreuil-sur-Mer et le nord de Calais, des milliers d'hectares de maïs, pommes de terre, betteraves, lin et chicorée ne sont pas encore récoltés.
« Dans la région de Montreuil, les rivières qui ont débordé ont causé des soucis chez certains éleveurs avec des vaches les pieds dans l'eau ou les premiers ballots de paille mouillés dans les hangars, reconnaît Pascal Dumoutier, de la FDSEA de Desvres. Mais le plus grave pour les éleveurs, ce sont les maïs qui ne sont pas encore récoltés. L'ensilage va perdre en qualité, car les taux de matière sèche atteignent déjà 40 à 42 %. »
Il estime que 2.000 à 3.000 ha de maïs étaient encore débout au début de la semaine, surtout dans les secteurs de Boulogne, Marquise et Desvres. A la Cuma de Wirwignes, par exemple, 150 ha de maïs sur 240 restaient à ensiler.
Du lin et des pommes de terre perdues
C'est pour les pommes de terre et de lin que la situation est la plus dramatique. 275 ha de lin qui auraient dû être livrés à la coopérative La Linière sont définitivement perdus et 400 ha chez les teilleurs privés.
Quant aux pommes de terre, les tubercules qui ont séjourné dans l'eau plus de deux jours commencent à pourrir. « Même si nous parvenons un jour à les récolter, ce sera avec un taux de perte de 60 à 80 % », ajoute Pierre Lavallée.
La récolte des betteraves est également très perturbée. « Dans la zone littorale, seuls 25 à 35 % des betteraves sont arrachées, précise Gautier Leblanc, responsable du service betteravier de la sucrerie Tereos de Lillers. Nous jonglons avec les betteraves des autres usines pour faire tourner l'usine. »
Après les récoltes de betteraves, de pommes de terre ou de maïs, les sols sont si matraqués que les semis de céréales sont déjà compromis. Et bien des semis qui ont pu être réalisés ont reçu tant d'eau qu'ils devront être retournés.