De la myriade de coopératives qui se sont créées dans lePoitou-Charentes au cours du XXe siècle, il reste essentiellement les deux grands groupes que sont Eurial et le Glac. Leur fusion paraissait l'étape ultime de ces regroupements entre coopératives.
Elle avait été annoncée l'an dernier lors de l'assemblée générale de l'Association centrale des laiteries coopératives et Jean-Pierre Raffarin, président de cette association, y voyait alors « un grand espace de solidarité laitière ».
Las, l'enthousiasme du début est retombé et la fusion est aujourd'hui remise à plus tard – sans qu'une échéance soit fixée – voire même enterrée comme le murmurent certains.
Les assemblées générales extraordinaires prévues en juin prochain et qui étaient censées entériner le processus ont été annulées. « Ils craignaient de ne pas atteindre les deux tiers des voix nécessaires », assurent les détracteurs du projet.
Patrick Charpentier, l'un des administrateurs du Glac, le reconnaît : « Pour convaincre, il faut être soi-même convaincu. » Et là, la conviction n'y est pas. Le rapprochement achoppe en effet sur plusieurs points de désaccord entre les deux groupes qui ne trouvent pas de solution :
- le fort endettement d'Eurial, alors que les comptes du Glac sont plus sains ;
- un contrat qui lie Eurial à Sodiaal ;
- la disproportion du nombre d'emplois entre les deux groupes...
La FRSEA a clairement pris position en faveur de la fusion et souhaite que le processus reprenne au plus vite. « Le bassin laitier est en sous-réalisation depuis longtemps. Il a besoin d'un projet pour se redynamiser », plaide le directeur du syndicat régional.
Les adhérents de base ne l'entendent pas nécessairement ainsi. « Grossir pour le plaisir de grossir, nous ne sommes pas d'accord », indique un membre de l'Apli (Association des producteurs de lait indépendants).
Alors que l'attachement des éleveurs laitiers à leur coopérative est toujours très fort, certains craignent de perdre dans la fusion leur identité et de voir leur pouvoir dilué dans une très grosse structure.
Rien ne semble encore décidé, dans un sens comme dans l'autre. « Les administrateurs des deux groupes continuent de se fréquenter et de travailler ensemble », assure Patrick Charpentier. « Mais il faut que le projet mûrisse chez les uns et les autres. »