La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) a estimé mercredi lors d'une conférence de presse que le seuil communautaire d'intervention pour les produits laitiers est trop bas pour inciter les opérateurs à utiliser cet outil. Et ainsi soutenir le marché alourdi par l'embargo russe en place depuis un mois.
Le syndicat reconnait que la Commission européenne « a su réagir rapidement en déclenchant une opération de stockage privé pour certains fromages, le beurre et la poudre de lait écrémé. Mais elle nous laisse au milieu du gué, car nous n'avons pas tous les outils » nécessaires pour gérer les conséquences de l'embargo.
« La Commission doit remonter le niveau de l'intervention, plaide Thierry Roquefeuil, le président de la FNPL. Aujourd'hui, ces seuils équivalent à une valorisation beurre poudre du lait de 200 €/1.000 l. Il faudrait au minimum 300 €/1 000 l. Pour l'instant, nous nous sommes vus opposer une fin de non-recevoir. »
Au niveau actuel des seuils d'intervention, les industriels ont intérêt à faire tourner les tours de séchage avec le lait habituellement transformé pour la Russie, et à vendre la poudre ou le beurre sur le marché plutôt qu'à l'intervention. La durée prévue dans l'opération de stockage privée ne les incite pas non plus à choisir cette voie.
Message aux industriels et distributeurs
Avec ce relèvement des prix d'intervention, la FNPL estime que Bruxelles adresserait un signal fort. « Si les gros exportateurs de l'Union européenne vont à l'intervention, cela détendra le marché intérieur, poursuit Thierry Roquefeuil. Si rien n'est fait, le marché se dégradera. Sans compter les spéculateurs » qui jouent la baisse.
La FNPL adresse aussi un message aux industriels et aux distributeurs français. Elle sait que la chute des cotations pourrait réveiller de vieux démons. « Les opérateurs ont une fâcheuse tendance à aller vendre sur le marché au moins cher, et à répercuter aux éleveurs », constate André Bonnard, le trésorier de la FNPL.
Pas question pour la FNPL donc, que l'embargo pèse sur le prix du lait au quatrième trimestre de 2014. « Mécaniquement, seulement deux semaines de baisse devraient être prises en compte, avertit André Bonnard. Nous sommes à 368 €/1.000 l sur les six premiers mois, et devrions tenir ce niveau sur l'année. Au pire du pire, nous irons devant les juges et le médiateur. »