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« Il faut anticiper 2015 » (L. Morelon, Lactalis)

Publié le vendredi 24 décembre 2010 - 15h16

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« Il faut anticiper 2015. Nous n'avons plus que quatre campagnes pour nous y préparer. Sans évolution, les producteurs français ne seront pas armés pour résister », souligne Luc Morelon, directeur de la communication du groupe Lactalis, dans une interview accordée à La France Agricole.

 

 

 

La France Agricole : Que pensez vous de la création de neuf bassins laitiers pour gérer les quotas ?

Luc Morelon (Lactalis). Photo : J.-C. Grelier/GFALuc Morelon : La gestion par bassin est un progrès. Elle institue une mobilité interdépartementale au sein d'un bassin et sort la filière d'un système totalement désuet. La gestion par département convenait jusqu'en 2004, mais elle ne fonctionne plus depuis. Elle est devenue aberrante : elle empêche de transférer du quota vers des éleveurs qui veulent produire davantage.

 

 

Or il faut libérer le potentiel des producteurs les plus dynamiques en France pour préparer 2015. La mobilité des volumes entre bassins laitiers est la suite logique, mais son efficacité dépendra du taux d'échange entre les bassins.

 

 

N'y a-t-il pas alors un risque de voir les volumes quitter les zones fragiles ?

 

La moitié sud de la France voudra protéger ses quotas, mais on ne peut pas éviter la spécialisation des régions. Cette spécialisation est cohérente au regard des avantages pédoclimatiques de chacune, tout en préservant les zones fragiles (montagnes et piémonts).

 

 

Cette gestion par bassins suffira-t-elle pour préparer 2015 ?

 

Non, il faudrait aller plus loin. Ainsi, il pourrait être possible d'instaurer un marché libre des quotas, où le vendeur et l'acheteur conviennent ensemble d'un prix qui permettra au premier d'arrêter dans des conditions financières acceptables et au second d'améliorer la productivité de son exploitation. C'est politiquement inacceptable en France. Pourtant, c'est le moyen d'éviter un énorme choc en 2015.

 

On va vers une très forte hausse de la production laitière dans l'UE qui entraînera une baisse des prix. Pour les industriels, il y aura – au moins transitoirement – davantage de beurre et de poudre à gérer, avec un risque de baisse de rentabilité. Ils voudront donc limiter les excédents. La contrepartie de la libéralisation du marché dans l'UE, c'est la libéralisation de la gestion des volumes en France.

 

Je le répète, il faut anticiper 2015. Nous n'avons plus que quatre campagnes pour nous y préparer. Sans évolution, les producteurs français ne seront pas armés pour résister.

 

 

Quels modèles d'exploitation voyez-vous ?

 

Il faudrait au moins doubler le litrage produit par UTA. Regardez les Pays-Bas, ils en sont à 339.000 litres par UTA, contre moins de 164.000 litres en France, et ils dégagent les revenus les plus élevés d'Europe. Ils ne sont pas malheureux...

 

Le modèle d'exploitation à 1 million de litres de quota n'est plus un modèle industriel, contrairement à ce qu'on pensait il y a dix ans seulement. Pour autant, il est hors de question de transposer le modèle californien, avec des fermes à plusieurs milliers de têtes. Ce qui est sûr, c'est que la productivité moyenne des élevages doit s'accroître.

 

Pour la montagne, une politique forte de soutien passera par une revalorisation de l'ICHN et une politique des AOC plus dynamique et libérées des contraintes administratives de l'Inao.

 

 

Avez-vous déjà préparé un contrat que vous proposerez le 1er avril aux producteurs ?

 

Nous attendons les décrets avant de dévoiler nos propositions. Le contrat comportera des éléments de prix, de durée et de volume. Peut-être aussi des normes plus strictes en matière de qualité, par exemple sur la teneur en acides gras. Il faut aussi laisser la possibilité au contrat d'évoluer dans le temps, pour corriger les clauses qui fonctionnent mal.

 

 

Selon vous, la création d'OP va-t-elle modifier les relations entre les producteurs et les industriels ?

 

Le problème n'est pas de se regrouper pour modifier le rapport de force. Pour l'industriel, le problème est de gérer la qualité et le volume de lait. Les OP (organisations de producteurs) qui facturent, ou les GIE de collecte qui ramassent le lait à la place de la laiterie, et lui imposent leurs prix et leurs volumes, ne sont pas une solution.

 

La gestion des excédents procède d'un vrai savoir-faire industriel et ne peut être déléguée à long terme à une structure qui n'a pas ce savoir-faire. Le contrôle de la collecte ne procède pas de la bonne ou de la mauvaise volonté des industriels, mais d'un vrai partage des compétences sur la gestion des excédents structurels du marché des produits laitiers.

 

Propos recueillis pas Elsa Casalegno


Les commentaires de nos abonnés (2)
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Y à qu'à faut qu'on!

mercredi 29 décembre 2010 - 15h24

Il est facile de communiquer; quand on est salarié d'une entreprise,les risques financiers sont nuls. Aujourd'hui,la frilosité des banques et la volatilité des prix payés par les industriels ne favorisent guère une vision pragmatique de la filière laitière.Compte tenu des difficultés géopolitiques et pédoclimatiques ,il me semble inopportun de tirer des plans sur la comète. Si Monsieur Morélon sait lire dans la boule de cristal:qu'il me fasse parvenir sa recette Par avance,merci !
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