La baisse des prix des produits de grande consommation vendus en supermarché pénalise les industriels comme les distributeurs, a affirmé lundi Michel-Edouard Leclerc, patron des centres du même nom, sur France Inter.
A la question de savoir si le gouvernement lui demandait toujours d'arrêter « de tirer les prix vers le bas et de mettre un peu moins de pression sur ses fournisseurs », Michel-Edouard Leclerc a répondu qu'il y avait « actuellement pas mal d'affrontements sur les prix, mais sur un nombre très limité de prix où les prix baissent ».
« Les prix qui ont augmenté pendant 10 ans, baissent aujourd'hui un tout petit peu et vont se réajuster sur la baisse de pouvoir d'achat des Français. Cela fait des baisses de marge chez les industriels et les distributeurs, ce n'est pas facile à gérer », a-t-il observé.
« Mais il y a beaucoup de prix qui sont margés chers tout simplement parce que certains groupes de distribution ont voulu faire croire qu'ils baissaient leurs prix alors qu'ils pratiquent cette vieille mise en scène de l'îlot de terre dans un océan de profits », a-t-il souligné.
« Pour moi aujourd'hui, l'important c'est qu'on relâche la pression sur le monde agricole [...] et qu'on fasse porter la guerre des prix sur le non-alimentaire, sur le textile, les équipements de voiture, tout ce qui fait les dépenses d'un couple », a préconisé M. Leclerc.
Les prix des produits de grande consommation dans la grande distribution ont continué de baisser en octobre, de 0,1 % sur le mois et de 0,8 % sur un an, selon l'Insee.
Les industriels et producteurs dénoncent depuis des mois une guerre aux prix bas qui les étrangle et qui pourrait être renforcée par les alliances entre enseignes de la grande distribution pour effectuer en commun leurs achats. Une inquiétude balayée par Michel-Edouard Leclerc.
« Près de 80 % de ce qui est vendu dans un supermarché est fourni par des industriels qui sont aussi des oligopoles, comme Coca-Cola, Nestlé, Procter. Qu'en face, il y ait quatre distributeurs français ce n'est pas le pot de terre contre pot de fer, je ne pense pas que l'Autorité de la concurrence va y voir une entente interdite », a-t-il jugé.
« C'est vrai que ça rend la crispation très forte, moi je crois que ce n'est pas mauvais à condition que le consommateur en bénéficie. »