Peuples Solidaires et ActionAid France publient un rapport qui dénonce « la façon dont les gouvernements du Nord comme du Sud encouragent la ruée mondiale vers la terre à travers des mesures incitatives offertes aux investisseurs privés et aux entreprises, risquant d'augmenter la faim et la pauvreté, notamment en Afrique ».
Ce nouveau rapport, intitulé "Hold-up sur les terres", met en exergue « la façon dont des mesures incitatives telles que des terres à bas prix ou gratuites, des prêts à taux très bas et des incitations fiscales généreuses sont prises par les gouvernements des pays du Nord et du Sud, les donateurs, les agences internationales, les pays du G8, et les institutions financières, comme la Banque mondiale, pour attirer des investisseurs privés ».
« Les gouvernements se tournent vers le capital privé pour pallier le manque cruel de dépenses publiques, mais cette course aveugle à l'investissement mène trop souvent à des accaparements de terres qui laissent les communautés locales sans terre, sans habitation et dans la faim », affirme Katia Roux, chargée de mission à Peuples Solidaires-ActionAid France.
« La majorité des transactions foncières conclues par des investisseurs étrangers dans les pays pauvres sont destinées à produire de la nourriture et des agrocarburants pour l'exportation, et non pour nourrir la population locale. La pratique montre que ces transactions ne fournissent pas les emplois, écoles, routes et autres bénéfices promis aux communautés locales », explique le communiqué.
« Beaucoup de transactions foncières sont, en fait, menées sans juste consultation, consentement et compensation des communautés locales concernées, et peuvent mener à des expulsions forcées, des conflits et des violations de droits humains ».
« Les gouvernements et les investisseurs privent les communautés qui n'ont pas de titre foncier légal ou de droits de propriété formels de la terre sur laquelle elles vivent ou qu'elles utilisent depuis des générations. Le rapport contient des études précises sur des cas au Sénégal, au Cambodge et en Sierra Leone ».
Peuples Solidaires-ActionAid France s'inquiète du fait que « des initiatives internationales comme la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition du G8 donnent la priorité aux intérêts du secteur privé et à la création d'exploitations commerciales à grande échelle, en ignorant le rôle des petits exploitants dans la production de nourriture et l'augmentation des revenus ».
Peuples Solidaires-ActionAid France appelle « les gouvernements, notamment la France, à adopter une politique de tolérance zéro envers les accaparements de terres ».
« Les gouvernements nationaux doivent de leur côté reconnaître et protéger les droits à la terre de tous leurs citoyens, et des femmes en particulier. Toute transaction foncière menée à bien doit suivre les principes de consentement libre, préalable et éclairé », indiquent les deux organisations.