La Fédération nationale du bois (FNB) qui regroupe les principaux acteurs du secteur a manifesté le 7 octobre 2014, devant l'Assemblée nationale pour dénoncer l'exportation « débridée » de troncs issus des forêts françaises et la mainmise des « spéculateurs » sur ce commerce qui prive la filière de matières premières.
Près d'un millier de professionnels, selon les organisateurs, « soit 70 % de la profession » – des scieurs mais aussi des exploitants, parqueteurs, tonneliers, toutes les professions qui dépendent des approvisionnements en bois bruts – rejoints par des parlementaires se sont rassemblés devant la Palais-Bourbon à Paris en brandissant des écharpes vertes, clin d'œil à la colère des « Bonnets rouges » bretons l'an passé.
A l'origine de leur mécontentement, « l'exportation massive de grumes » (troncs) qui se propage à toutes les essences de bois ou presque et concerne de plus en plus de régions, explique la FNB dans un communiqué.
Un « phénomène spéculatif »
Pour la FNB, il s'agit d'un « phénomène spéculatif » qui a concerné 1 million de mètres cubes en 2013, soit 50 % de plus qu'en 2012, précise-t-elle.
« Ce marché est aujourd'hui entre les mains des spéculateurs » et « dépasse le jeu des acteurs traditionnels », dénonce la FNB, qui en appelle aux pouvoirs publics et à des mesures de protection plus efficaces, fiscales et sanitaires notamment.
Interpellé dans l'Hémicycle, le ministre de l'Agriculture et des forêts, Stéphane Le Foll, a fait valoir qu'il avait renchéri le coût des certificats d'exportation, passés de « 20 euros les 20 m³ à 89 euros ».
« Et on continuera à augmenter les taxes », a-t-il promis en rappelant que la forêt publique via l'ONF comme la privée avaient pris l'engagement de contractualiser les bois exploités. « Mais on exporte des grumes, des produits bruts et non transformés depuis 10 ou 15 ans » a-t-il insisté, appelant « tout le monde à prendre ses responsabilités ».
450.000 emplois concernés
La FNB, qui fédère 80 organisations et métiers, indique représenter 1.800 entreprises pour un chiffre d'affaires de 5 à 6 milliards d'euros. « La scierie représente 50.000 emplois » et un point d'approvisionnement essentiel de la filière du bois, note-t-elle. Au total, ce sont « 450.000 emplois directs et indirects et 60 milliards de chiffre d'affaires [qui] sont concernés », selon elle.
La France, qui dispose du troisième réservoir forestier européen, laisse filer ses bois bruts vers l'Asie qui les lui renvoie sous forme de meubles. Pour la FNB, l'exportation de 1 million de mètres cubes de grumes vers la Chine se traduit par « une perte en valeur ajoutée de près de 800 millions d'euros et plusieurs milliers d'emplois ».