Deux cas de tuberculose viennent d'être détectés à l'abattoir, puis confirmés par des analyses sur des bovins issus de deux élevages de la Picardie, l'un dans la Somme, chez Fabien Pruvost, de Laboissière-Saint-Martin, et l'autre dans l'Aisne, chez Philippe Meurs, d'Ouchy-le-Château. Aucun cas n'avait été signalé dans la Somme depuis 2004, et dans l'Aisne depuis 1996.
« Mes parents étaient éleveurs laitiers et, en reprenant l'exploitation, j'ai souhaité arrêter le lait et me tourner vers la production de blondes d'Aquitaine, explique Fabien Pruvost. Pour constituer mon troupeau, j'ai acheté des animaux de plusieurs provenances, parmi lesquels une dizaine des Pyrénées-Atlantiques, dont la vache qui est atteinte de tuberculose. J'avais décidé de ne pas la garder, car elle était trop nerveuse. Ce n'est pas la première du lot qui va à l'abattoir, mais c'est la première qui est atteinte de tuberculose... un coup de malchance. » A cause de ce cas positif, la totalité de son troupeau, soit 50 vaches allaitantes et 130 taurillons, va être abattue.
Dans l'Aisne, chez Philippe Meurs, c'est un troupeau de plus de 350 bovins qui va être, lui aussi, abattu. L'élevage, autrefois en charolais, était en reconversion salers. La vache concernée, de race salers, provenait d'un élevage des Ardennes et n'a séjourné dans l'Aisne que durant onze mois.
En cas de foyer, c'est la règle de l'abattage total qui s'applique, à l'exception de certains départements où un abattage partiel a été mis en place à titre expérimental. « C'est une épreuve très difficile à vivre pour un éleveur sur le plan psychologique, reconnaît Philippe Fouilliard, directeur de la chambre d'agriculture de l'Aisne. Mais aussi sur le plan financier. Même si une indemnité de l'Etat est prévue et si les animaux sains sont valorisés en boucherie, le préjudice subi est considérable avant de pouvoir reconstituer un cheptel de niveau génétique équivalent. »
« Après l'abattage, il sera procédé à une double désinfection des bâtiments avec deux produits différents à un mois d'intervalle, détaille Thierry Deruiter, directeur de la Direction départementale de la protection des populations de l'Aisne. La transmission de la maladie entre animaux, par contacts multiples, est possible. C'est pourquoi, en parallèle, les élevages voisins, celui d'où provient l'animal et les exploitations qui ont accueilli des animaux en provenance de l'élevage touché, sont mis sous surveillance. » C'est-à-dire qu'un test de tuberculination est réalisé sur chaque bovin et qu'aucun animal ne peut quitter l'élevage avant que la suspicion ne soit levée. « Notre élevage est actuellement sous surveillance, et un test a été réalisé sur nos animaux, explique Géry Standaert, voisin de Fabien Pruvost. Je reste serein en attendant les résultats des analyses d'ici à 2 ou 3 jours. »
Une recrudescence des cas de tuberculose en France La tuberculose chez les bovins a fortement reculé en France jusqu'en 2004, ce qui a conduit à un arrêt progressif des tests de tuberculination. Mais, depuis 2004, le nombre de cas est à nouveau en augmentation. Il est notamment passé, à l'échelle nationale, de 97 foyers en 2009 à 166 en 2010. Les départements les plus touchés sont la Côte-d'Or et la Dordogne, mais aussi l'Ariège, le Gard, les Pyrénées-Atlantiques. Si, depuis 2000, la France est classée indemne de tuberculose, sa récente recrudescence pourrait remettre en cause ce classement. Le ministère de l'agriculture estime que, « pour l'année 2011, la tendance devrait être à la baisse, mais cela reste à confirmer car la campagne de dépistage est en cours et les données ne sont pas consolidées ». |