Grâce à une météorologie redevenue favorable dès le samedi 10 mars, les agriculteurs bourguignons ont pu récupérer leur retard dans les semis de printemps.
Il a été pénible de se rendre à l'évidence, mais le gel de janvier-février a causé de gros dégâts aux cultures. Après plusieurs semaines d'attente et d'espoirs, d'examens fastidieux et de tri des parcelles, le constat est malheureusement sans appel, surtout sur les plateaux.
L'orge d'hiver a été totalement détruite par les fortes gelées. Le colza et le blé sont touchés dans une moindre mesure. Sur le plateau du Tonnerrois, dans l'Yonne, toute l'orge d'hiver a dû être ressemée, ainsi que 25 à 30 % des surfaces de colza et de blé.
« Nous avons mis de l'orge de printemps et du blé de printemps à la place de nos 62 hectares d'orge d'hiver et de 25 ha de blé brûlés par le froid, souligne Michel Bardet, du Gaec de la Borde, à Noyers-sur-Serein. Huit années sur dix, nous avons un mois d'avril sec. Il était temps d'implanter ces cultures pour leur assurer une levée. »
Jean-Philippe Marcoux, à Cry-sur-Armançon, a également refait sa sole d'orge d'hiver et a repris 35 ha de blé sur son assolement initial.
En Côte-d'Or, les céréales sur le plateau du Châtillonnais ont aussi été touchées. Dans le département, près de 30.000 ha, dont 20.000 ha d'orge d'hiver et 10.000 ha de blé, ont dû être recultivés. Les 4.500 ha de moutarde alimentaire ont été remplacés par de la moutarde de printemps.
Dans la Nièvre, le pois, la féverole et l'avoine n'ont pas résisté.
Beaucoup de céréaliers ont eu des difficultés à trouver des semences en orge et blé de printemps. « Grâce à la solidarité de mes voisins, j'ai pu combler mon manque », précise Jean-Philippe Marcoux.
Des précautions ont été prises pour jongler avec l'antériorité des traitements. Michel Bardet ne sait pas encore s'il pourra remplacer tout son colza abîmé par du tournesol, compte tenu de la rémanence des produits précédemment utilisés.
« Chez nous, les cultures de printemps dégagent des marges moins importantes que les cultures d'hiver. Aussi, le résultat final sera de toute manière moins bon », complète Jacques de Loisy, responsable des grandes cultures à la FDSEA de la Côte-d'Or.
Par ailleurs, les cultures maintenues risquent d'être moins productives en raison de la diminution du nombre de pieds viables. L'épisode de gel du début d'année restera partout indélébile jusqu'à la moisson.