Même si les premiers constats établis par le médiateur des relations commerciales agricoles montrent que certains maillons ont honoré leurs promesses, les producteurs gardent le poing levé. Xavier Beulin, président de la FNSEA, et Jean-Pierre Fleury, président de la FNB (Fédération nationale bovine) l'avaient promis le 21 juillet après la remise du rapport : « Nous irons voir un par un ceux qui ne jouent pas le jeu. »
Promesse tenue. « Nous avons bloqué un camion frigorifique rempli de carcasses allemandes, » déclare Daniel Prieur, secrétaire adjoint à la FNSEA, et agriculteur dans le Doubs. Sa destination ? « Bigard ! lance-t-il. Nous remettrons symboliquement les clés du camion au préfet, qui laissera le chauffeur repartir. » Les barrages filtrants ont aussi permis aux éleveurs de récupérer quelques briques de lait allemandes. « Nous avons choisi de les distribuer aux automobilistes bloqués par notre manifestation », raconte-t-il.
Du côté de la Bourgogne, c'est à la Sycavil, à Migennes (Yonne), que les éleveurs sont allés vérifier la bonne application des hausses. « L'entreprise a joué le jeu en partie, constate Francis Letellier, président de la FDSEA de l'Yonne. Nous avons vu leurs grilles. Dans certaines catégories, la hausse est effective, mais la distribution aurait par derrière modifié ses commandes. » Les éleveurs promettent d'aller vérifier dans les grandes surfaces si ces morceaux apparaissent sur les bons de commande. « Ils disent qu'ils jouent le jeu, mais est-ce que nous ne sommes pas encore confrontés à une magouille permanente ? » s'interroge-t-il. La Sycavil aurait également expliqué les difficultés à faire passer la hausse dans les catégories de jeunes bovins. « Elle exporte près de 40 % de sa production, calcule Francis Letellier. Il est difficile d'avoir une prise sur les cours des marchés étrangers. Il s'agit là de ne pas les perdre, je comprends que ceux qui exportent marchent sur des œufs. »