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Congrès du Modef

Stopper l’agriculture productiviste en limitant la taille des exploitations

Publié le mardi 03 novembre 2015 - 18h09

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© A.Delest/GFA
© A.Delest/GFA

« Etouffés par les grands groupes coopératifs ou privés, fournisseurs des produits nécessaires à l'agriculture et ceux qui collectent, transforment et vendent nos productions, nous, exploitants familiaux, réaffirmons que cette situation n'est viable ni pour les producteurs, ni pour les consommateurs », a déclaré Jean Mouzat, le président du Modef, la confédération syndicale agricole des exploitants familiaux, à l'occasion de son 17e congrès, à Bugeat, en Corrèze, le 3 novembre.

 

« Il nous faut mettre tout en œuvre pour empêcher le capital de s'approprier nos moyens de production et pervertir notre noble métier et nos missions sociétales », a-t-il ajouté. Un constat que partage sans réserve la nouvelle Fédération des jeunes exploitants familiaux (FJEF). « Nous ne pouvons que constater l'échec de cette agriculture qui prône l'agrandissement des fermes et la recherche perpétuelle de nouveaux capitaux pour une course à la modernisation qui, au lieu de rendre de la liberté et du confort aux paysans, les a rendu dépendants d'une mondialisation qui n'a que faire de leur bien-être », a déclaré Cyril Romero, son président.

 

Des propositions pour « résister à l'arrivée des détenteurs de capitaux extérieurs à l'agriculture »

 

Après un long plaidoyer contre la financiarisation de l'agriculture et son lot de grosses structures juridiques qui l'accompagnent, soutenue, selon lui, par la FNSEA et la Coordination rurale, Jean Mouzat a proposé aux quelques cent congressistes présents, de porter auprès des élus plusieurs propositions pour « résister à l'arrivée des détenteurs de capitaux extérieurs à l'agriculture », notamment dans ces sociétés de type SAS (société par action simplifiée) « qui constitue des entreprises capitalistiques où l'unicité capital-travail disparaît » :

 

- Sur le plan fiscal : réimposer l'obligation d'un commissaire aux comptes et s'opposer à ce que ces sociétés bénéficient des avantages fiscaux agricoles (DPI, DPA...) ;

 

- Sur le plan social : soumettre à cotisation sociale tous les revenus et dividendes versés aux actionnaires à partir du premier euro ;

 

- Sur le plan politique : renforcer le contrôle des structures pour limiter les agrandissements et favoriser l'installation.

 

- Sur le plan financier : ne pas reconnaître le gérant-salarié comme agriculteur, exclure ces SAS du bénéfice des prêts bonifiés et des aides Pac et plus largement, plafonner les aides Pac à 100.000 € par exploitation et redistribuer les économies budgétaires réalisées par une revalorisation de la surprime des 52 premiers hectares pour revenir un revenu décent aux exploitants familiaux. L'objectif du Modef est que cette surprime atteigne 30 % de l'enveloppe du premier pilier de la Pac, comme le permet la Commission européenne, dès 2016. Cette proposition est partagée par la Confédération paysanne, qui avait délégué au congrès un représentant national, Josian Palach. Soutien plus inattendu, le président FDSEA de la chambre d'agriculture de la Corrèze, présent au congrès a lui aussi défendu cette position.

 

Des prix planchers par type de production

 

Sur le revenu justement, « puisqu'il ne faut pas compter sur la volonté des acteurs économiques de partager la valeur ajoutée créée », le Modef en appelle à la volonté politique du législateur. Au niveau national, le syndicat réclame des prix planchers par type de production, couvrant les coûts de production (rémunération du travail paysan compris) et un encadrement des marges de la grande distribution avec la mise en place de coefficient multiplicateur. Au niveau européen, il appelle à sortir de la logique du libre-échange, avec notamment la mise en place d'outils de maîtrise des volumes de production bénéficiant de prix minimaux garantis ou l'abandon des accords commerciaux en discussion, notamment avec les Etats-Unis.

 

Le Modef appelle également à une politique foncière volontariste. Il demande par exemple que la loi encadre les prix des terres agricoles de sorte qu'ils soient en corrélation avec le revenu agricole qui peut être dégagé sur ces terres, que les Safer puissent rétrocéder les terres préemptées sous forme de location-vente à des jeunes qui souhaitent s'installer ou encore, que ces jeunes bénéficient d'une exonération totale de la taxe sur le foncier bâti et non bâti durant cinq ans au minimum et que leur soit attribué un Smic sur la même durée.

 

Pour favoriser l'installation, le Modef plaide aussi pour une retraite décente 1.200 € (au lieu de 800 € aujourd'hui), dès 60 ans et 37,5 ans de cotisations et la mise en place d'une indemnité viagère de transmission.

 

« Nous sommes sûrement beaucoup trop près du mur pour voir loin. Il est temps qu'une réelle prise de conscience s'impose à nos politiques ainsi qu'à chacun de nous, a souligné Cyril Romero. Il est l'heure de dire stop à cette agriculture productiviste. »

 

Arielle Delest
Publié par
Journaliste Politique, droit et gestion


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Les commentaires de nos abonnés (7)
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la folie des grandeurs (sans louis de funès!)

mercredi 04 novembre 2015 - 17h13

Si les grosses fermes sont si performantes il n'y a qu'a leur suprimer les aides PAC!!!
commentaires agriculteurs

lucide40
Voir son profil

@nicolas

mercredi 04 novembre 2015 - 14h03

Anecdote de Alfred Sauvy: "Accompagnant un ministre sur le site de grands travaux, il avait entendu celui-ci lui dire, en voyant des bulldozers au travail « Impressionnant, mais imaginez combien d’hommes on pourrait utiliser si à la place de ces machines, les travailleurs avaient des pelles ». Ce a quoi Alfred Sauvy avait répondu : « Monsieur le Ministre, imaginez s’ils avaient des petites cuillères » . Alors, pourquoi pas des fermes de 20 ha? soyons fous...

Le MODEF a raison

mercredi 04 novembre 2015 - 13h02

Stopper l'agriculture productivisme en limitant la taille des exploitations est la seule solution, tant qu'il en est encore temps. Croire comme certains que notre savoir faire est le meilleur est une erreur. Nos médias ne signaleraient pas tous les jours de nouveaux problèmes de pollution de l'air, de l'eau, de la terre, de notre alimentation et ne parlons pas de la qualité de nos productions... Mille hectares d'une grande exploitation ne produisent pas plus que vingt fermes de cinquante hectares, sauf moins de chômeurs.... Par contre le travail familiale est plus facile, plus humain, plus plaisant, surtout avec un prix rémunérateur indispensable. Actuellement nous ne l'avons pas, même pour les grosses exploitations et que nous n'aurons jamais si nous persistons dans notre manière de ne pas vouloir changer notre modèle d'agriculture. A cause de nous le droit de propriété de nos fermes va disparaitre pour nos enfants, à l'heure actuelle tout est fait pour les décourager et en plus financièrement impossible à reprendre pour la plus part. Nos dirigeants veulent nous spolier en donnant la terre à des actionnaires, les mêmes qui détiennent la transformation et la grande distribution. Ainsi la maitrise de toutes la chaine alimentaire sera totale, c'est vers cela que nous allons... Alors se battre pour cette agriculture la non merci. Car c'est bien ce capitalisme à outrance qui nous tient et qui nous tue actuellement, aidé par toutes ces normes, ces techniciens qui nous privent de ce manque d'initiative personnelle et nos divisions entre nous font le reste.... Croire qu'il suffit d'être libre, de travailler, de s'agrandir, afin de gagner plus, pour pouvoir investir n'est plus vrai aujourd'hui. Par contre dans un contexte de mondialisation avec liberté de circulation des marchandises et liberté des prix, comment revendiquer un prix rémunérateur pour tous les producteurs si l'écart de superficie moyen est trop important entre la petite et la grande exploitation. La situation actuelle que tous nos dirigeants politiques veulent structurer définitivement est ni viable pour tous les producteurs gros est petits, ni viable pour les consommateurs... Si nous persistons dans notre façon de voir, gros et petits disparaitront les uns derrières les autres chacun à son tour... Alors pourquoi persister dans cette voie sans issue pour la plupart d'entre nous, pourquoi ne pas écouter Jean Mouzat et défendre ses idées....
commentaires agriculteurs

Nicolas
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Titre

mercredi 04 novembre 2015 - 08h42

Staline, reviens!!!Désastre garanti. Vive le droit de propriété.

modef

mardi 03 novembre 2015 - 20h01

toujours a coté de la plaque une petite ferme ne peut pas vivre ni investir. mais le nerfs de la guerre c'est la nourriture produite par nos fermes et notre travail et surtout notre savoir faire.Mais comme les autres syndicats l'idée d'une grevè de production n'est pas a l'ordre du jour, comme les autres les responsables du modef doivent avoir leurs gros chèques chien qui aboi ne mord pas crocodile40
commentaires agriculteurs

crocodile40
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