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Céréales

Le blé français, dégradé par les intempéries, va manquer d'acheteurs

Publié le mardi 05 août 2014 - 15h48

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La récolte française de blé pour la meunerie a été gâchée par une conjugaison exceptionnelle d'intempéries qui ont dégradé la qualité des grains, réduisant ses chances de trouver des acquéreurs sur le marché international.

 

Le coup de froid du début juillet, qui a donné aux grains le signal de la germination, suivi d'une pluviométrie hors-norme, qui l'a accentuée, font déjà que la majorité des blés récoltés ne pourront plus être écoulés qu'en fourrages, donc à moindre prix. Et ce, à condition de trouver preneurs, résument les observateurs interrogés par l'AFP. « Les producteurs devront faire un sacrifice sur les prix. On parle là de 40 euros par tonne », prévient François Luguenot, analyste des marchés du groupe coopératif InVivo.

 

Si le blé meunier se vend actuellement autour de 170 euros la tonne, le prix tombe à 120 euros pour le blé fourrager. Et même à ce prix, le blé fourrager, explique-t-il, est pour le moment trop cher pour les marchés traditionnels du Moyen-Orient, du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest, et même sur le marché français. D'autant qu'il se trouve en concurrence directe avec le maïs dont les prix sont particulièrement attrayants cette saison avec de nouveaux records de production entrevus aux Etats-Unis.

 

« Totalement inédit »

 

L'enchaînement de ces deux phénomènes - froid et pluie - est « totalement inédit », affirme Germain Bour, directeur de la coopérative Cérépy dans l'Yonne : « Même des agriculteurs proches de la retraite n'ont jamais vu ça », insiste-t-il. Selon lui, les deux tiers des récoltes de ce département sont déclassées.

 

Un « grand croissant », qui part de l'Est et l'Alsace-Lorraine vers la Franche-Comté et la Bourgogne - sinistrée - puis remonte vers le Centre, a été frappé. La situation est moins critique dans le quart nord-ouest et, en partie, en Aquitaine, dans le Midi-Pyrénées et le Poitou-Charentes « où la situation est assez variable », précise M. Luguenot (InVivo). « Pour ajouter à la confusion, on n'a pas aligné plus de deux jours secs consécutifs, ce qui a obligé à moissonner au plus vite pour livrer tout en même temps aux organismes stockeurs, sans prendre le temps de trier », au risque de mêler parfois de bons grains aux lots dégradés, ajoute-t-il.

 

Dans l'Yonne, Francis Letellier a perdu ainsi tous ses blés qui finiront en fourrage pour les animaux. Un manque à gagner qu'il estime à 14.000 euros par rapport à la commercialisation en blés meuniers. « Depuis 30 ans que je suis installé, c'est la première fois que ça m'arrive », assure-t-il. « On aura du mal à redresser la situation », reprend-il. « Il va manquer 150 à 200 euros/hectare dans les exploitations ».

 

En Europe occidentale, le sud de l'Allemagne et une partie de la République tchèque sont déjà en difficulté pour les mêmes raisons que la France et la récolte est médiocre ou incertaine plus à l'Est, reprend M. Luguenot (InVivo). La Russie, en revanche, affiche une très belle récolte en qualité et en quantité, révisée autour de 60 millions de tonnes (37 millions de tonnes en France environ). Et, d'une manière générale, la récolte mondiale s'annonce sous les meilleurs auspices.

 

« Aucune proposition française à l'Egypte »

 

« Les deux derniers appels d'offres de l'Egypte en blé n'ont reçu aucune proposition de blé français », indique Germain Bour (Cérépy). La qualité des blés hexagonaux n'est pas en mesure de satisfaire aux cahiers de charges des clients égyptiens ou algériens qui réclament des blés facilement panifiables, avec des taux de protéines et des temps de chute élevés (qui qualifient la dégradation de l'amidon : quand ils sont trop faibles, en-dessous de 220 secondes, les farines donnent des pâtes collantes, lourdes). « Dans un premier temps, la France sera très peu présentes à l'export », juge Germain Bour. « Mais on n'a pas non plus la garantie de pouvoir vendre tout notre stock fourrager ».

 

Courtier de la société Inter-Courtage, Damien Vercambre note déjà l'inquiétude des acheteurs. « Ces derniers jours, nous avons beaucoup de clients, des Italiens, des Allemands... qui nous appellent et nous interrogent sur la qualité. Les clients européens vont devoir faire avec ce qu'ils ont, peut-être compléter avec du blé américain. Mais, pour le Maghreb, les contrats sont faits avant la récolte et ne sont probablement pas négociables : c'est un casse-tête pour les exportateurs ».

 

Heureusement, souligne François Luguenot (InVivo), « il reste le quart nord-ouest, soit pas loin du tiers de la récolte française : on aura peut-être une bonne surprise mais tout va dépendre de la météo des prochains jours ». Mais celle-ci annonce de nouveaux orages.


Les commentaires de nos abonnés (4)
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et le pain

lundi 11 août 2014 - 16h06

je suis sur que tous les produit a base de blé vont baisser , c'est inevitable!!
commentaires agriculteurs

44146065
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solidarité

mercredi 06 août 2014 - 16h26

je suis curieux de voir si les eleveurs vont à leur tour, jouer la solidarité!! apres la ponction que l'on a subi ( merci barnier) et celle que l'on va subir (lefoll), cette solidarité serait pour le moins legitime, je serais tente de dire obligatoire. mais ne nous faisons pas d'illusions, ils trouveront encore que le fourrager francais sera trop cher.
commentaires agriculteurs

michel..77
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Lamentable

mardi 05 août 2014 - 21h51

Ou sont toutes les madame Irma du ministère si prompt a prévoir des prix durablement élevés pour justifier le prélèvement sur les aides PAC des céréaliers. Ces ponctions n'aideront pas les éleveurs, mais avec des prix du blé à 120 €/tonnes voir moins, cela va mettre beaucoup de céréaliers dans la difficultés. Mais ces fonctionnaires au salaire assuré, même si ils sont totalement incompétents, ils s'en moquent
commentaires agriculteurs

maxens1
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devins

mardi 05 août 2014 - 16h48

le chiffre d'affaires, pac incluse va etre le plus mauvais depuis 30 ans, et nos incapables du ministere ont decide de nous plomber, au motif que l'on gagne trop d'(argent , et que les marches ne baisseront plus. les concessionnaires vous remercient, messieurs les incompetents. la courbe du commerce exterieur va degringoler (aussi vite que celle de hollande), et il faudra des années pour se redresser. quand à la baisse maxi de 30% des "aides" pac,: foutage de gueule. l'an dernier elleont baisse de 10%, cette année, vont baisser de 25, et ensuite on evoquera la baisse plafonnée à 30 % (en oubliant les 35 premiers %. pour moi, en 2017, cera -65 par rapport à 2012. et si on appliquait le salaire des ministres sur celui de la ferme france: revenu 2014 par rapport à celui de 1972, et meme indexation pour eux par rapport à 1972. peut etre reflechiront ils avant de raconter des fadaises.
commentaires agriculteurs

michel..77
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