Le gouvernement est favorable au « compromis » au sujet du projet contesté de Center Parcs à Roybon (Isère), mais il fera in fine appliquer le droit « avec la plus grande netteté », a prévenu mardi le ministre de l'Intérieur.
« On peut comprendre qu'il soit, y compris sur des projets sur lesquels le juge s'est exprimé, nécessaire jusqu'à la dernière minute d'engager des discussions, d'essayer de trouver des compromis », a déclaré Bernard Cazeneuve devant l'Assemblée nationale.
Plus d'un mois après la mort du jeune militant écologiste Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive de la gendarmerie lors d'une manifestation contre le barrage contesté de Sivens, dans le Tarn, le ministre a estimé qu'un « bon compromis » valait « toujours mieux qu'une mauvaise tension qui peut être à l'origine de drames ».
« Mais une fois cela enregistré, il faut aussi que les principes de la République soient mis en œuvre de façon claire, nette et sans ambiguïté », a-t-il lancé, en réponse à une question du député de l'Isère Jean-Pierre Barbier (UMP) qui lui demandait de « soutenir sans ambiguité » le projet de Center Parcs.
« Lorsque des élus légitimement et démocratiquement élus conduisent des projets qui ont franchi toutes les étapes du droit, ces projets doivent pouvoir se mettre en œuvre au terme des discussions que j'évoquais à l'instant », a-t-il insisté. « Personne ne peut en raison de l'endroit d'où il parle, parce qu'il estime avoir raison, imposer la violence à la République en contravention avec le droit. »
Bernard Cazeneuve a promis que le gouvernement ferait « appliquer avec la plus grande netteté » les principes du « droit » et de « l'Etat de droit ».
Le tribunal administratif de Grenoble doit examiner le 12 décembre 2014 plusieurs recours d'associations demandant la suspension des travaux de défrichement en vue de la construction de ce Center Parcs. Les opposants au projet mettent notamment en avant l'enquête publique au titre de la loi sur l'eau qui a rendu cet été un avis défavorable, pointant l'impact néfaste du futur complexe touristique sur les zones humides. La préfecture de l'Isère a donné son feu vert au lancement des travaux en octobre.
Le président (PS) du Rhône-Alpes demande de suspendre les travaux
De son côté, le président (PS) du Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, a demandé mardi au préfet de Région de « prendre les dispositions nécessaires à la suspension des travaux » du Center Parcs contesté de Roybon (Isère), dans un courrier dont l'AFP a obtenu copie.
« Compte tenu des incertitudes juridiques liées à la mise en œuvre du projet, il me parait préférable de prendre les dispositions nécessaires à la suspension des travaux, jusqu'au prononcé de la décision qui sera rendue par la juridiction administrative », écrit M. Queyranne dans cette lettre adressée à Jean-François Carenco.
Quelle que soit la décision du tribunal, M. Queyranne estime en outre « nécessaire » que le préfet diligente « une mission pour apprécier les conditions de réalisation de ce projet au regard des contraintes environnementales ». « Je me tiendrai à la disposition de cette mission pour toutes les informations qu'elle souhaitera recueillir », ajoute-t-il.
M. Queyranne est le premier responsable socialiste à prendre position pour la suspension de ce projet de village de vacances soutenu par la plupart des élus locaux, de droite comme de gauche, et porté par l'ancien président du conseil général de l'Isère et actuel secrétaire d'Etat André Vallini.