L'alliance entre Casino et Intermarché pour des achats en commun passera « probablement » par la création d'une centrale d'achat commune, et devrait permettre de dégager au moins 100 millions d'euros de gains pour les deux groupes, a annoncé vendredi le patron des achats d'Intermarché.
« Nous allons monter probablement une structure d'achat commune en terrain neutre et à fonctionnement paritaire », a déclaré Thierry Cotillard dans une interview au magazine LSA.
« Nous avons privilégié des schémas juridiques très simples »
Les deux distributeurs avaient annoncé ce partenariat aux achats mercredi soir, mais sans en préciser les modalités pratiques. M. Cotillard avait toutefois assez clairement exclu que cela puisse se traduire par un mandat d'achat confié à l'un des deux groupes, à l'image de ce qu'ont choisi Auchan et Système U.
Vendredi, le responsable de l'offre alimentaire Intermarché a précisé qu'il n'y aurait « aucune prise de participations croisées dans notre accord et nous avons privilégié des schémas juridiques très simples » qui « permettront si c'est nécessaire de dénouer les liens sans dommages pour les deux parties ».
« Après, c'est l'efficacité de l'accord et les gains qu'ils généreront qui nous motiveront vraiment à rester ensemble », a-t-il ajouté.
Sur ce dernier point, « nous ne fixons aucune limite, nous avons simplement l'ambition d'avoir de meilleures conditions (à l'achat auprès des fournisseurs, ndlr) que Carrefour, Leclerc ou Système A » (nom communément donné à l'alliance aux achats entre Auchan et U, ndlr), a-t-il expliqué.
Mais selon lui, « chaque point gagné nous rapportera 100 millions sur un peu plus de 10 milliards de volume d'affaires ».
Casino et Système U représenteront un peu moins de 26 % des parts de marché.
Une fois réunis, Casino et Système U représenteront un peu moins de 26 % des parts de marché de la distribution française, devant Système A (un peu moins de 22 %), Carrefour et Leclerc (tous deux aux alentours des 20 %).
Vendredi matin, l'Association des industries alimentaires (Ania) s'est inquiétée de ces mouvements de rapprochement dans la distribution à l'amorce des négociations commerciales, craignant que cela ne « renforce la course aux prix les plus bas » et n'accélère la déflation tant redoutée dans l'alimentaire.
Thierry Cotillard a rappelé que l'accord avec Casino ne porterait que sur les grandes marques et les fournisseurs internationaux. « Il devrait donc concerner une soixantaine de dossiers dont une petite dizaine de marques non alimentaires, comme Samsung ou Seb par exemple ».
« C'est moins que les 80 à 100 dossiers annoncés par Auchan et Système U car nous avons choisi d'écarter de l'accord certains industriels français, comme Fleury Michon, Andros ou Pasquier, pour éviter de les fragiliser », a-t-il précisé.