Le commissaire européen au Budget, Janusz Lewandowski, a remis en cause, lundi, le rabais accordé depuis les années 1980 à la Grande-Bretagne sur sa contribution financière à l'UE, alors qu'un débat difficile a débuté sur le futur budget des 27.
« Le rabais pour la Grande-Bretagne a perdu sa justification originelle », a déclaré le Polonais Janusz Lewandowski au quotidien allemand Handelsblatt.
Ce rabais, également appelé « chèque britannique », avait été décidé en 1984 à la demande du Premier ministre de l'époque du Royaume-Uni, Margaret Thatcher, auteur sur le sujet d'une sortie restée célèbre : « I want my money back » (« Je veux qu'on me rende mon argent »).
Il s'élève actuellement à 3 milliards d'euros environ par an, contre 6 milliards d'euros environ au début.
La « Dame de fer » avait justifié cette remise en faisant valoir qu'une grande proportion du budget européen (à l'époque les trois quarts environ) était consacrée à la Pac, dont la Grande-Bretagne est moins consommatrice que d'autres Etats comme la France par exemple.
Mme Thatcher avait aussi argué que son pays était moins riche que l'Allemagne ou la France par exemple.
Mais depuis, la donne a partiellement changé puisque la part des dépenses agricoles dans le budget de l'UE est tombée à 40 % environ pour le budget en cours qui s'achève fin 2013. En outre, le Produit intérieur brut (PIB) de la Grande-Bretagne a progressé.
Le porte-parole du commissaire européen au Budget, Patrizio Fiorilli, a tenté devant la presse de minimiser la portée des propos de Janusz Lewandowski en soulignant qu'il n'avait pas demandé la suppression du chèque britannique mais seulement souligné qu'il fallait réexaminer la situation.
Il a fait valoir que « le PIB britannique a augmenté de manière très importante depuis 1984 tandis que la part de l'agriculture a diminué de manière constante depuis 20 ans » dans le budget de l'UE.
Il a aussi rappelé que la Commission européenne avait reçu mandat de réexaminer tous les aspects du budget de l'UE en vue des préparatifs pour le prochain qui doit débuter en 2014, « y compris l'agriculture et le rabais britannique ».
Ces deux questions – baisse des subventions agricoles directes et baisse du chèque britannique – seront au centre des tractations sur le prochain budget de l'UE (2014-2020) qui devraient entrer dans le vif du sujet l'an prochain avec des propositions chiffrées de la Commission.
Les discussions avec le gouvernement britannique du conservateur David Cameron, peu enclin à lâcher du lest sur le rabais, s'annoncent ardues. Du côté français, le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, a déjà prévenu pour sa part qu'il était prêt à « une crise en Europe » pour empêcher le « démantèlement de la politique agricole commune ».
Compte tenu du contexte de crise économique et budgétaire en Europe, le budget de l'UE sera au mieux maintenu inchangé, à environ 1 % du PIB européen. De ce fait, Bruxelles souhaite à l'intérieur de l'enveloppe disponible (140 milliards d'euros) réduire certaines dépenses pour dégager des fonds afin de donner la priorité à de nouveaux chantiers.
Bruxelles vient aussi de jeter un pavé dans la mare en évoquant un impôt européen en vue de dégager des ressources propres. Une idée rejetée par trois des plus importants contributeurs au budget communautaire, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni.