Le Parlement européen a cédé mercredi aux pressions des gouvernements, en grande difficulté sur le plan budgétaire, et approuvé un budget pour 2011 avec une hausse des dépenses très inférieure à ce qu'il réclamait et sans les contreparties qu'il voulait.
Le budget a été approuvé par 508 voix contre 141 et 19 abstentions, selon le décompte officiel.
« Le Parlement européen a approuvé la position du Conseil sans amendements et je ne peux que me féliciter de notre accord commun », a déclaré le secrétaire d'Etat belge aux Affaires européennes, Olivier Chastel, au nom de la présidence belge de l'UE.
Ce vote met un terme à des tractations tendues qui duraient depuis des semaines. Il laisse un goût amer à de nombreux élus. « On a gonflé la poitrine, et puis on a eu peur de vaincre et on a tout arrêté », a résumé le coprésident des Verts Daniel Cohn-Bendit.
« Dans les contraintes exceptionnelles de cette année, l'accord intervenu sur le projet de budget pour 2011 est le meilleur compromis possible », a en revanche estimé l'élu conservateur français Alain Lamassoure.
« Match nul, la bataille est remise », a pour sa part assuré l'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, chef de file des Libéraux et démocrates (ALDE).
Le budget pour 2011 prévoit finalement une hausse de 2,91 % des dépenses à 126,5 milliards d'euros, soit une rallonge de 3,5 milliards d'euros par rapport à 2009, très loin de l'augmentation de 5,9 % préconisée à l'origine par la Commission et le Parlement européens.
Les Etats de l'UE ne voulaient pas aller plus loin, arguant du contexte de disette budgétaire et de rigueur partout en Europe.
« Les problèmes de fond restent entiers. L'Union n'a plus les moyens de financer les décisions qu'elle a déjà prises. Ni les compétences nouvelles que lui donne le traité de Lisbonne », a souligné Alain Lamassoure.
Les élus se sont toutefois réservé des armes de rétorsion : ils ne sont pas prononcés sur le financement programmé du réacteur nucléaire expérimental Iter – un projet phare de l'UE dans lequel elle est associée à six autres partenaires internationaux – ni sur une marge d'urgence pour le budget de l'UE en cas d'imprévu.
En échange de leur accord pour le plafonnement de la hausse des dépenses à 2,91 %, les élus avaient demandé un droit de regard sur les ressources propres à venir de l'UE, en vue du futur budget européen pluriannuel, qui commencera à être négocié en 2011. Qu'ils n'ont pas obtenu.
La Grande-Bretagne de David Cameron, qui a mené la fronde des Etats, a refusé catégoriquement. Pas question pour les capitales de discuter d'un impôt européen pour abonder le budget de l'UE à l'avenir, comme le réclame le Parlement.
Les quatre prochaines présidences semestrielles de l'UE – la Hongrie, la Pologne, Chypre et le Danemark – se sont toutefois engagées à coopérer avec le Parlement lors des discussions sur les perspectives financières pour la période 2014-2020 et sur les ressources propres, a souligné le chef de file des socialistes Martin Schulz, convaincu par cette solution.
« Qui vivra verra », a ironisé Daniel Cohn-Bendit, en se déclarant dubitatif.